Peut-être en avez-vous entendu parler, peut-être pas… Le
fait est que le 6 septembre c’est les élections présidentielles au Guate. Et il
me semble vous avoir déjà parlé de l’incroyable choix qui s’offre aux guatémaltèques
en termes de candidats… Et il me semble aussi avoir mentionné que le Président
actuel n’a pas trop la cote, vu que son ex-vice-présidente vient tout juste d’être
mise en prison pour corruption, et donc il est « fort probable » que
lui aussi soit mouillé dans des histoires de graissage de patte. Et donc, au vue
des dernières nouvelles, le peuple est encore un peu plus en colère et a donc
décrété trois jours de « Paro Nacional », c’était déjà dans ce cadre
que mon cours de la semaine passée a été annulé (et apparemment, le même sort
est réservé à celui de demain, et pis le weekend d’après c’est les élections
alors…), mais cette semaine les choses ont pris une autre dimension en sortant
du cadre universitaire : hier tout était fermé pour que les gens puissent
sortir dans la rue manifester !!! « Seuls » (75% des emplois au
Guatemala sont informels) les commerces informels étaient ouverts, et du coup
pouvaient vendre leurs tamales, leurs
tortillas, leurs glaces, les petits
drapeaux, les sifflets, etc. aux manifestants !
Il y a beaucoup de choses qui sont nouvelles dans ces
manifestations placée sous la houlette du hashtag #RenunciaYa. Principalement, depuis
leurs débuts en avril, elles sont pacifistes et avant chacune d’entre elles des
codes de bonne conduite se répandent sur les réseaux sociaux pour permettre un
bon déroulement : « ne pas répondre aux provocations et ne pas
entreprendre d’actions violentes », « prendre un sac pour ramener ses
déchets », « prendre des photos en cas d’anomalies ». Bref, le
mouvement est super discipliné ! Et donc, hier, c’était la culmination du
mouvement : dans la capitale, plus de 100'000 personnes ont convergé depuis
les diverses zones de la ville vers la Plaza de la Constitución. Les autres
villes du pays n’étaient pas en reste, même si les rassemblements étaient de
moindre envergure.
Donc évidemment, je suis allées faire un tour dans ces manif’
historiques, et quelle incroyable ambiance : les gens criaient,
chantaient, dénonçaient à l’unisson ! Rien que de repenser à cette
atmosphère porteuse de tant d’espoir et de volonté de changement, l’émotion
revient.
Voilà quelques photos témoignant de cette journée historique.
Les revendications affichées et on retrouve le slogan "Ni perdón, ni olvido" ("Ni pardon, ni oubli") |
Le regard en l'air : un drone de la presse survole la foule |
Le type en haut : c'est le président Arbenz (seul président socialiste-communiste de l'histoire du Guate, et accessoirement, à moitié suisse) |
Encore une référence à Arbenz : "Je suis de sang, genre Arbenz" |
"Soyons le cauchemar de ceux qui veulent nous enlever les rêves" |
"Si ceux d'en-bas bougent, ceux d'en-haut tombent" |
"Il ne nous manque pas de l'argent, on a trop de voleurs" |
pancartes abandonnées |
Tout le monde n'a pas la même inspiration... "Rien ne m'est venu mais... #RenonceLà" |
Dans ces manif, on trouve tout le monde: surtout des jeunes, mais aussi des gens plus âgés, des enfants, des personnes en chaise roulante, et des chiens, qui semblent mis à contribution ;) |
En voici un autre, qui porte un T-shirt avec Arbenz qui est associé à la dignité du peuple |
Toutes les voitures qui passent sont taguées : #RenunciYa #NoTengoPresidente, Otto ladrón, etc. |
Les commerces "informels" sont ouverts eux, et les vendeurs regardent, comme nous le cortège passé au son des sifflets |
Que leurs voix soient entendues.
Parce qu'elle est toujours aussi belle... |
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