lundi 9 novembre 2015

De Nebaj à Todos Santos : rando dans les Cuchumatanes



4 jours d’excursion dans les Cuchumatanes, une région du Guate que je n’avais pas encore visitée et qui c’est révélée absolument magnifique, d’une immense diversité, ça va être dur de sélectionner les photos ;)

JOUR 1 : de Xela à Acul en passant par Nebaj, département du Quiché.

Départ à l’aube pour une journée de chicken bus… Le premier nous emmène jusqu’à Santa Cruz del Quiché, peut-être le département le plus traditionnel du Guatemala. Le bus nous a vite emmené par des routes tortueuses jusqu’à la capital du département au rythme des chansons de reagaton dont les clips s’enchanaient sur l’écran plat, l’écart entre la réalité – bus bondé de gens en habit traditionnel se dirigeant vers le plus grand marché du pays à Chichicastenango avec paniers, cartons remplis de poulets, bébés accrochés sur le dos de leur maman, etc. – et celle des clips – mecs machos chopant des nanas à moitié nues pour faire court – pouvait difficilement être plus grande… Alors imaginé l’abysse quand soudain c’est le clip de ABBA – Chiquitita qui est apparu à l’écran : des gens blonds emmitouflés dans des doudounes (ça veut dire qu’on ne voyait pas les seins des chanteuses ?!?!) chantant joyeusement devant un bonhomme de neige, je pense que 90% des gens au Guatemala n’ont jamais vu la neige.

A Santa Cruz on pris un autre bus, dont la musique (du reagaton sexuellement vraiment trash, je préférais quand je ne comprenais pas les paroles) nous a littéralement fait exploser la tête, nous a emmené encore plus au loin dans l’altiplano guatémaltèque. La végétation environnante est devenue progressivement très sèche au fur et a mesure qu’on est descendus dans la vallée Sacapulas où il faisait horriblement chaud, mais sec. Puis on est remonté pour se faufiler entre d’autres montagnes jusqu’à Nebaj, un des trois villages du fameux triangle Ixil, connu pour les magnifiques huipils des femmes et leur corte (les jupes) rouge vif. C’est aussi une des régions, avec le département de Huehuetenango, où le conflit armé a particulièrement sévi.

Après avoir acheté les dernières provisions, on a pris un 3e bus, un minibus, qui nous a amené jusqu’à Acul, un village qui me semblais déjà très isolé, mais ce n’était rien en comparaison des villages qu’on allait découvrir par la suite… On est arrivé en fin de journée, juste encore un peu de lumière pour aller faire un tour, notamment vers ces deux haciendas un peu à l’écart du village. Il se trouve qu’elles ont été fondées par des Suisses, immigrés il y a quelques générations, et dont les descendants y vivent toujours et… y produisent du fromage – non ce n’est pas une blague ! Le lieu est magnifique, et le temps semble être resté un peu figé, ce qui est assez particulier : chevaux et vaches paissent et les cabanes attendent les riches touristes pour la nuit (pas nous donc…), tandis que les coqs de combats s’endorment dans leur cage. 

le centre du village d'Acul
une des deux haciendas suisses
Acul, plongé dans la brume de la fin de journée
 
On s’endort paisiblement, appréciant le lit… les deux prochaines nuits ne pourront pas rivaliser avec ce confort rustique.

JOUR 2 : d’Acul à Chortiz, ou comment rejoindre le plateau des Cuchumatanes

Départ à l’aube, les sacs sont super lourds… On commence par monté gentiment suivant une route encore carrossable, la campagne est magnifique, brillante de rosée. Plein d’animaux sont attaché ça et là pour brouter : vaches, chevaux, mules et surtout cochons, on en a vu plein, noir et blanc et absolument craquants ! On traverse une première communauté, apparemment, une grande part de la population est partie aux States, ce qui explique le fait que les maisons sont assez grandes, peinte de milles couleurs et même que certaines présentent de remarquables originalités architecturales. A la communauté suivante, la route prend fin, et devient sentier et commence à monter bien plus raide ! On s’arrête pour déjeuner, les sacs s’allègent de manière malheureusement qu’imperceptible. 

brume matinale au-dessus d'Acul
oui, j'admet j'ai plein de photos de bébés cochon,
de bébés vaches, de bébés mouton...

les fameux cortes rouges vifs portés par les femmes du triangle Ixil
avant-dernière communauté desservie par des transports motorisés
bougainvilliers et maisons de toutes les couleurs !!
On attaque la vraie montée, celle qui nous fait nous élevé au-dessus de la vallée pour rejoindre le plateau des Cuchumatanes. Est-ce nécessaire de mentionné que la vue est magnifique ? Une fois en haut, l’environnement a totalement changé, les verts champs se sont transformés en plaines rocailleuses, et les pins pullulent. On tombe sur une petite communauté, l’eau courante n’est pas arrivée y’a longtemps et ils n’ont définitivement pas l’électricité, ils doivent vivre de l’élevage de mouton et chèvre et de l’exploitation du bois – on entend le ronron des tronçonneuses au loin. Les maisons sont de bois, mais à voir les interstices entre les planches il ne doit pas y faire très chaud… 

presque toute l'équipe : Alexia, Marlo (cousin du guide), Adrián (espagnol),
 Eduardo (the guide), Miguel (espagnol #2) et Josuhe (fils d'Eduardo),
 il manque Lara (espagnole aussi) et Sven (norvégien)
On voit un peu caché derière l'arbre : Acul, la seconde communauté
et au fond à gauche Nebaj (ok, ya de nouveau un filtre)
 entre la tente, et les 4 litres d'eau, le sac n'est pas léger!
On pique-nique dans une cuvette entre les pins, avant de parcourir le plateau : des plaines dégagées, des vallonnements, splendide. Dans ce décors hors du commun et surtout hors des sentiers battus se trouve un cimetière de guerrilleros, ancienne fosse commune si j’ai bien compris. Il est difficile de croire que les atrocités du conflit armé se soit passé dans des endroits si reculés, et pourtant, l’isolement des villages les rend justement beaucoup vulnérable à l’attaque de forces militaires, qui appeler au secours ? Personne, l’impunité est totale.

joli sous-bois
vue sur les montagnes qui s'étendent à perte de vue,
on aperçoit même certains volcan au loin!
Premier petit village, niché entre les cailloux


Pins et rochers se sont appropriés le paysage
et soudain pourtant : une plaine s'ouvre...!

On arrive vers Chortiz, petit village dont les cabanes se nichent entre les rochers et où garçons et filles courent pieds nus pour ramener le bétail au bercail. La fin de la journée approche alors qu’on traverse des plaines sauvages, avant de monter le campement dans une cuvette dont le fond est quasiment parfaitement plat. Une bonne platée de spaghetti avant de nous serrer, à deux – Alexia et moi – dans une tente certainement prévue pour une personne… !

Les cabanes de Chortiz

et l'église
à la sortie du village, la nature reprend vite ses droits


JOUR 3 : de Cantón Primero et sa vallée verdoyante à la Torre « de Geronimo »

Réveil un peu tôt, mais c’est avec plaisir que je me suis extraite de ma tente pour aller chercher la chaleur du soleil un peu en surplomb du campement. On doit bien être les derniers levés de la région vu le nombre de gens que je vois déjà passer sur le sentier : une fille qui peine à faire avancer ses mules, un homme à cheval et sa femme qui suit en marchant, des troupeaux de chèvres menés par deux garçons tout contents d’hériter des surplus de notre petit dej’.

good morning sun shine :)
la fille et ses mulets têtus qui ne voulaient pas avancer
jeune gardienne de chèvre
On se met en route et rapidement on débouche sur une vallée incroyablement verte, fertile et ensoleillée, on n’arrive pas à prendre un bon rythme de marche : trop de belle vues à admirer, de gens à saluer, de photo à prendre… Si la communauté de Cantón Primero semble établie dans un environnement moins rude que Chortiz, ce n’est pas pour autant que les transports motorisé l’atteignent… C’est donc à dos d’hommes, de femmes, d’enfants ou de mule que les marchandises sont acheminées.

Alexia et moi devant l'immensité de la vallée
des maisons en périphérie de Cantón Primero
courageuses mules !

Dans le fond de la vallée : une rivière, c’est le moment tant attendu de la douche !! L’eau est glaciale mais le bonheur de pouvoir frotter les couches successives de transpi, de crème solaire et de poussière l’emporte et on savoure un bref moment de fraicheur, car après il faut remettre de la crème solaire et remonter de l’autre côté de la vallée… !

Pas mal la baignoire hein?
On grimpe courageusement et on rejoint une autre communauté, les enfants nous réclament des chewing-gum – chiclé – tandis qu’ils font paitre les moutons dans des champs malheureusement parsemés de bouteilles en PET vide et d’emballages en tout genre… En plus de n’avoir aucune valeur nutritive et de pourrir les dents des enfants, toute cette chuchería (malbouffe) est en plus un désastre environnemental.

Donc ce matin on s'est réveillé de l'autre côté de la vallée!!
(en face Cantón Primero)
On retrouve finalement le bout d’une autre route, une tienda qui vend de l’eau et on pique-nique sous un soleil de plomb ! Ensuite, on marche sur la route, croisant murs de pierre, troupeaux de moutons dans une ambiance presque provençale. On n’est pas en avance alors quand ce pick-up se propose de nous prendre on saute à l’arrière et c’est avec plaisir qu’on profite de l’air poussiéreux que procure la vitesse du pick-up. Il nous dépose à La Capelanía où un autre pick-up vient nous chercher.

ambiance provençale je disais !


C’est à ce moment-là que j’ai découvert pour la première fois le costume traditionnel de Huehuetenango (oui, on a changé de département) que les hommes portent encore : un pantalon dans les grenats avec des rayures verticales blanches et une chemise blanche avec des rayures grenats et violettes ainsi qu’un très beau col brodé. Et en regardant les deux ados qui sont là, l’habit traditionnel n’empêche pas de porter des grandes casquettes vertes fluo ou de porter les pantalons en mode baguy… !  C’est aussi à ce moment-là qu’on rencontre Geronimo, qui gère la cabane près d’une antenne de radio communautaire dans laquelle on va dormir. Il nous emmène dans d’autres montagnes, la température chute avec le crépuscule, les paysages du département de Huehuetenango sont magnifiques, même si là aussi on témoigne de la dureté de la vie des gens de la région !



on the road, depuis le pick-up


On s’installe dans la cabane, on raconte des histoires, des contes, des souvenirs avant de s’endormir pour une nuit glaciale.

JOUR 4 : de la Torre jusqu’à Todos Santos

Réveil à 5h du matin pour le levé du soleil, depuis notre point de vue on peut voir tous les volcans du Guatemala : Volcán Fuego, l’Acatenango, le Santa Maria, les éruptions matinales du Santiaguito et le Tajumulco qui domine l’Amérique centrale. Grandiose !


(mon appareil a dû prendre froid....
pas très OP pour faire la netteté sur les volcans au loin...)

Une fois que les sacs sont faits on commence à descendre vers Todos Santos, déjà on entend le son du marimba, la fête a déjà commencé ! Pour cette dernière partie de la rando on parcourt encore un environnement différent : ça sent la myrtille et les champignons, des sapins et de la mousse, jusqu’à arriver à une grotte sacrées (et glaciale) d’où s’échappe une vraiment jolie cascade. On déjeune avant de parcourir les derniers mètres jusqu’à la route, là on trouve un minibus qui nous emmène jusqu’à la ville, la rando est finie…

Todos Santos en vue !
terrain assez difficile... pour achever nos jambes !
ce qu'on voyait en levant la tête depuis le lieu du petit dèj'
et juste en contrebas....!!
... mais pas les découvertes ! next episode coming soon :)
Abrazos !!

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