Terminal d'Antigua |
Au nom des heures que j’ai
passé dans des chicken bus, et au nom
ce cette love-hate relationship que j’ai
développé avec eux, je crois que je leur doit de leur consacrer un post en
entier, finalement, c’est quand même eux qui m’ont emmené aux quatre coins du
pays :).
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Déjà, il faut noter le soin avec
lequel les bus sont traités. Peints avec soin, chaque détail compte, des autocollants,
le nom de la compagnie calligraphié, le tout sous la bénédiction de Dieu qui
veille sur la sécurité du véhicule… Ils brillent, ils pétaradent, klaxonnent,…
et pour Noël, leurs capots d’ornent de gros nœuds en ruban. Le bruit de la
boîte à vitesse fait souvent peur, tout comme les mugissements du moteur. Dans
la catégorie mécanique, je vous déconseille de monter dans un bus dont le
chauffeur a les mains pleines de camboui, ça veut dire que le bus a récemment
été réparé, ou plutôt rafistolé et c’est pas du tout une assurance de la bonne
marche du véhicule. Certains anticipent et prennent les réservoirs d’eau pour
refroidir le moteur pendant la descente ! Des fois, néanmoins on crève et
il faut changer la roue, des fois le bus s’arrête sur le bas côté et tu dois
finir le trajet entassé dans le bus suivant. Des fois tu es témoin des
accidents des autres, comme c’est le cas lorsque juste devant nous deux
voitures se sont percuté frontalement…
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Les chicken bus c’est le transport des plus pauvres, les gens de
classes économique plus élevées font absolument tout pour éviter de monter dans
l’un d’eux. Pour ma part, quand je rentre dans un chicken bus j’ai l’impression de me retrouver dans le « vrai »
Guatemala… Je me sens plus proche de l’humanité en générale et pas seulement
être dans la – très agréable – bulle de Xela. Mais en même temps, contrairement
à toutes les autres personnes entassées dans le bus, cela n’est pas ma réalité,
moi je peux la quitter quand je veux, eux non, alors en même temps je me sens
tellement loin de ces gens autour de moi, ces femmes de 17-18 ans qui montent
avec un enfant accroché dans le dos, un par la main et dont le gros ventre
annonce l’arrivée d’un 3e, ces vieux couples ridés habillés à la
traditionnelle, les femmes qui se coiffent en route, je crois que c’est dans
les bus que j’ai compris les techniques de coiffure traditionnelles, ces jeunes
couples amoureux, avec leur premier rejeton sur les genoux,…
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D’ailleurs, ces gens, ils me
racontent souvent des histoires, malheureusement c’est jamais des histoires
drôles, c’est même souvent plutôt tragique. Cette femme qui m’a expliqué, très
fière avoir négocié deux gerbes de fleurs pour 8 quetzales, après deux ans elle
a décidé de faire le voyage jusque sur la tombe de son fils, fils tué à la
machette alors qu’il allait se baigner dans une rivière. Ce jeune type qui
lâchait un cri étouffé à chaque rebond un peu brusque du véhicule, il me
raconte qu’il est tombé d’un arbre et s’est fissuré une ou deux vertèbres, il
aurait dû être opéré, mais pas d’argent, mais hôpitaux surchargés, alors bon,
il continue à bosser le dos littéralement cassé en deux… J’ai aussi rencontré
cette femme d’une quarantaine d’années avec sa fille de 10 ans. Son mari est
parti travailler aux États-Unis il y a 9 ans, et y est encore, il envoi de l’argent
et de temps en temps ils se parlent au téléphone, la gamine par contre n’a vu
son père qu’à travers le profil Facebook de ce dernier. D’ailleurs toute cette
technologie, m’explique-t-elle a beaucoup compliqué les relations longues
distances, en effet, sa cousine vient de se suicider car elle a appris par
Facebook que son mari fréquentait une autre femme aux States… Ma voisine de
siège, elle est contente car au moins son mari ne met rien sur Facebook, elle
trouve que c’est mieux de ne pas savoir.
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Et puis il y a ces femmes qui,
épuisées s’endorment à moitié sur mon épaule. Beaucoup de gens arrivent, malgré
l’inconfort certain, à s’endormir, témoignant de leur état de fatigue profond.
J’ai bien réussi à somnoler un peu, mais ma nuque l’a regretté quasi instantanément.
C’est vrai vu que je suis bien trop grande pour ce pays, mes genoux raclent devant
et il m’est donc impossible de me « vautrer » assez pour pouvoir
appuyer ma tête contre le dossier.
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Souvent, la promiscuité est
très élevée dans un chicken bus, je
me suis souvent dit que les corps humains étaient quand même vachement
pratiques pour jouer à Tectrice ! Car oui, il n’y a pas de nombre maximum
de passager, on est facilement 3 personnes sur un banc pour 2. D’ailleurs, à
force j’ai développé quelques stratégies intéressantes : premièrement, s’il
faut une 3e personne sur ton banc essaie que ça soit une jeunes femme,
ou une petite vieille dame plutôt qu’un monsieur grassouillet qui n’aura aucun
scrupule à s’assoir les jambes bien écartées histoire de bien t’écraser…
deuxièmement, il es bon de préférer une place de « 3e » à
l’avant du bus qu’une place de « 2e » à l’arrière du bus, où
il y a généralement une majorité d’hommes. Rappel : ce pays est
extrêmement macho…
vous noterez le nœud de Noël ! (Chichicastenango) |
Un bus est un petit univers à
lui tout seul, les gens montent, descendent, avec leur cargaison aussi diverse
que variée. Les vendeurs ambulants se succèdent pour vendre fruits, tortillas,
bonbons, pommades magique et gouttes pour les yeux naturelles, certains font
des prêches et bénissent les gens, d’autres vendent des Bibles évangélistes et
ont un succès effarant. Il faut dire que certains sont extrêmement bons !!
L’autres distraction dans un bus, c’est la musique : des fois c’est
rétrospective de Enrique Iglesias, des fois la sono est tellement mauvais qu’on
entend que les basses qui font vibrer les fenêtres, de trop rares fois il y a
du silence, et des fois, il y a une télé, là c’est le jack pot : des clip kitch, nias et macho se succèdent, les
contrastent sont saisissant entre la réalité des clips et la réalité du bus. L’autre
jour d’ailleurs on a eu droit à « Maman, j’ai raté l’avion »,
mythique, tout le bus suivait avec attention et riait sous cape à chaque
déboire des « méchants. ».
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Et finalement quand tu arrives
au terminal de bus, c’est un autre spectacle qui commence : celui des
assistants conducteurs rameutant des passagers, chargeant les denrées des gens
sur le toit, ils n’ont d’ailleurs par leur pareil pour grimper sur le toit à l’avant,
redescendre vers l’arrière et que le bus soit en marche ou non, bien sûre !
Ca n’a pas l’air comme ça, mais les chicken
sont d’une assez grande efficience !! Ils vont vite et vont partout !
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Oui, les chicken bus ne sont pas un des symboles du Guatemala pour rien.
Respect.
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