samedi 19 décembre 2015

Hommage aux "chicken bus"


Terminal d'Antigua

Au nom des heures que j’ai passé dans des chicken bus, et au nom ce cette love-hate relationship que j’ai développé avec eux, je crois que je leur doit de leur consacrer un post en entier, finalement, c’est quand même eux qui m’ont emmené aux quatre coins du pays :).

Terminal d'Antigua
Déjà, il faut noter le soin avec lequel les bus sont traités. Peints avec soin, chaque détail compte, des autocollants, le nom de la compagnie calligraphié, le tout sous la bénédiction de Dieu qui veille sur la sécurité du véhicule… Ils brillent, ils pétaradent, klaxonnent,… et pour Noël, leurs capots d’ornent de gros nœuds en ruban. Le bruit de la boîte à vitesse fait souvent peur, tout comme les mugissements du moteur. Dans la catégorie mécanique, je vous déconseille de monter dans un bus dont le chauffeur a les mains pleines de camboui, ça veut dire que le bus a récemment été réparé, ou plutôt rafistolé et c’est pas du tout une assurance de la bonne marche du véhicule. Certains anticipent et prennent les réservoirs d’eau pour refroidir le moteur pendant la descente ! Des fois, néanmoins on crève et il faut changer la roue, des fois le bus s’arrête sur le bas côté et tu dois finir le trajet entassé dans le bus suivant. Des fois tu es témoin des accidents des autres, comme c’est le cas lorsque juste devant nous deux voitures se sont percuté frontalement…

Terminal d'Antigua
Les chicken bus c’est le transport des plus pauvres, les gens de classes économique plus élevées font absolument tout pour éviter de monter dans l’un d’eux. Pour ma part, quand je rentre dans un chicken bus j’ai l’impression de me retrouver dans le « vrai » Guatemala… Je me sens plus proche de l’humanité en générale et pas seulement être dans la – très agréable – bulle de Xela. Mais en même temps, contrairement à toutes les autres personnes entassées dans le bus, cela n’est pas ma réalité, moi je peux la quitter quand je veux, eux non, alors en même temps je me sens tellement loin de ces gens autour de moi, ces femmes de 17-18 ans qui montent avec un enfant accroché dans le dos, un par la main et dont le gros ventre annonce l’arrivée d’un 3e, ces vieux couples ridés habillés à la traditionnelle, les femmes qui se coiffent en route, je crois que c’est dans les bus que j’ai compris les techniques de coiffure traditionnelles, ces jeunes couples amoureux, avec leur premier rejeton sur les genoux,…

Terminal d'Antigua
D’ailleurs, ces gens, ils me racontent souvent des histoires, malheureusement c’est jamais des histoires drôles, c’est même souvent plutôt tragique. Cette femme qui m’a expliqué, très fière avoir négocié deux gerbes de fleurs pour 8 quetzales, après deux ans elle a décidé de faire le voyage jusque sur la tombe de son fils, fils tué à la machette alors qu’il allait se baigner dans une rivière. Ce jeune type qui lâchait un cri étouffé à chaque rebond un peu brusque du véhicule, il me raconte qu’il est tombé d’un arbre et s’est fissuré une ou deux vertèbres, il aurait dû être opéré, mais pas d’argent, mais hôpitaux surchargés, alors bon, il continue à bosser le dos littéralement cassé en deux… J’ai aussi rencontré cette femme d’une quarantaine d’années avec sa fille de 10 ans. Son mari est parti travailler aux États-Unis il y a 9 ans, et y est encore, il envoi de l’argent et de temps en temps ils se parlent au téléphone, la gamine par contre n’a vu son père qu’à travers le profil Facebook de ce dernier. D’ailleurs toute cette technologie, m’explique-t-elle a beaucoup compliqué les relations longues distances, en effet, sa cousine vient de se suicider car elle a appris par Facebook que son mari fréquentait une autre femme aux States… Ma voisine de siège, elle est contente car au moins son mari ne met rien sur Facebook, elle trouve que c’est mieux de ne pas savoir.

Terminal d'Antigua
Et puis il y a ces femmes qui, épuisées s’endorment à moitié sur mon épaule. Beaucoup de gens arrivent, malgré l’inconfort certain, à s’endormir, témoignant de leur état de fatigue profond. J’ai bien réussi à somnoler un peu, mais ma nuque l’a regretté quasi instantanément. C’est vrai vu que je suis bien trop grande pour ce pays, mes genoux raclent devant et il m’est donc impossible de me « vautrer » assez pour pouvoir appuyer ma tête contre le dossier.

Terminal d'Antigua
Souvent, la promiscuité est très élevée dans un chicken bus, je me suis souvent dit que les corps humains étaient quand même vachement pratiques pour jouer à Tectrice ! Car oui, il n’y a pas de nombre maximum de passager, on est facilement 3 personnes sur un banc pour 2. D’ailleurs, à force j’ai développé quelques stratégies intéressantes : premièrement, s’il faut une 3e personne sur ton banc essaie que ça soit une jeunes femme, ou une petite vieille dame plutôt qu’un monsieur grassouillet qui n’aura aucun scrupule à s’assoir les jambes bien écartées histoire de bien t’écraser… deuxièmement, il es bon de préférer une place de « 3e » à l’avant du bus qu’une place de « 2e » à l’arrière du bus, où il y a généralement une majorité d’hommes. Rappel : ce pays est extrêmement macho…

vous noterez le nœud de Noël ! (Chichicastenango)
Un bus est un petit univers à lui tout seul, les gens montent, descendent, avec leur cargaison aussi diverse que variée. Les vendeurs ambulants se succèdent pour vendre fruits, tortillas, bonbons, pommades magique et gouttes pour les yeux naturelles, certains font des prêches et bénissent les gens, d’autres vendent des Bibles évangélistes et ont un succès effarant. Il faut dire que certains sont extrêmement bons !! L’autres distraction dans un bus, c’est la musique : des fois c’est rétrospective de Enrique Iglesias, des fois la sono est tellement mauvais qu’on entend que les basses qui font vibrer les fenêtres, de trop rares fois il y a du silence, et des fois, il y a une télé, là c’est le jack pot : des clip kitch, nias et macho se succèdent, les contrastent sont saisissant entre la réalité des clips et la réalité du bus. L’autre jour d’ailleurs on a eu droit à « Maman, j’ai raté l’avion », mythique, tout le bus suivait avec attention et riait sous cape à chaque déboire des « méchants. ».

Terminal d'Antigua
Et finalement quand tu arrives au terminal de bus, c’est un autre spectacle qui commence : celui des assistants conducteurs rameutant des passagers, chargeant les denrées des gens sur le toit, ils n’ont d’ailleurs par leur pareil pour grimper sur le toit à l’avant, redescendre vers l’arrière et que le bus soit en marche ou non, bien sûre ! Ca n’a pas l’air comme ça, mais les chicken sont d’une assez grande efficience !! Ils vont vite et vont partout !

Terminal d'Antigua

Oui, les chicken bus ne sont pas un des symboles du Guatemala pour rien. Respect.

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