dimanche 20 septembre 2015

La véritable aventure universitaire ;)


Je dois aller suivre des cours chaque samedi à Mazate, 3h de cours sur un truc qui ne m’intéresse que très modérément et qui est encore plus modérément en lien avec ce que je fais, mais c’est obligatoire, alors soit.

Étape 1 : Le départ
Samedi matin, le réveil sonne vers 8h, une douche, un petit déj’, je me prépare un sandwich, je passe me prendre un café à l’emporter. En traversant au parc central (ça veut dire au milieu de la ville) je souris en voyant des gens se balader avec leurs chèvres et j’attends un « microbus » au coin d’une rue. Est-il nécessaire de vous dire qu’il n’y a que très peu d’arrêts de bus officiels avec un panneau et un abri ? L’idée c’est de savoir à peu près où passent les bus, et quand l'un deux s’approche, échange de regards, tu cries où tu veux aller, et si le bus s’arrête effectivement c’est que tôt ou tard il va t'amener où tu veux… Dans un microbus, il y a des degrés de confort très variables, option 1 : avoir un siège et être plus ou moins coincé contre la vitre, option 2 : (ça c’est le grand luxe) être assise devant avec le chauffeur, option 3 : avoir une place debout, pardon plié, ça c’est quand tous les sièges sont pris et qu’il ne te reste plus qu’à te contorsionner tant bien que mal en espérant que des gens descendent prochainement.

Étape 2 : La Terminal Minerva
La terminal, c’est de là que partent les bus, c’est aussi un grand marché. Deux options s’offrent à toi à ce stade, soit tu restes dans le bus qui contourne avec des arrêts fréquents tout le marché et le jardin zoologique, ou tu traverses le marché. La deuxième option est plus fun surtout si tu n’es pas trop chargé, et j’aime croire que c’est un raccourci… Donc il faut se faufiler entre les vendeuses posées devant l’entrée du marché et entre les trous dans la route, et surtout éviter les baleines des parasols, les petits enfants, et les paniers de denrées qui sont posés partout. L’allée qui traverse le marché est un peu mieux structurée et une largeur minimale est respectée. Là, il faut éviter les porteurs et leurs chariots hyper chargés qui ont une sacrée inertie, c’est-à-dire que t’as meilleur temps de t’enlever si un vient en face. Ces bonds imprévisibles mais nécessaires ne t’aident donc pas à éviter de marcher dans des flaques de boue ! La boue est particulièrement suspecte quand on approche le secteur poisson… Finalement, après avoir enjambé d’autres petits stands de fortunes, on débouche sur la place des bus, le fameux chaos mouvant. Les bus klaxonnent, mugissent, les vendeurs ambulants crient, les prêcheurs prêchent… des fois la Bible et des fois les vertus de je ne sais qu’elle pommade magique. On te repère vite, et tu peux dés lors dire où tu veux aller, et on t’emmène vers le bon bus. Une brève vérification de la destination et hop, te voilà dans un bus ! Les bus pour Mazate partent chaque 15 minutes, et je dois admettre que pour le coup ils sont super ponctuels.

Étape 3 : Le trajet
De gros coups de klaxon marquent le départ, le moteur mugit, le levier de vitesses grince, et il ne nous reste plus qu’à nous en remettre aux mains de Dieu, de Jésus ou de la Vierge Marie (si possible des trois) vu qu’ils ont bénit le bus (enfin c’est ce qui est marqué sur les autocollant au-dessus de la tête du chauffeur…). Le bus ramasse le plus de passagers sur le chemin, le « broche » ou assistant du chauffeur est chargé de les héler au passage, descendant, courant, criant et grimpant au vol à l’échelle à l’arrière du bus pour accrocher les affaires sur le toit, et redescendre et entrer par la porte arrière du bus… Il y a aussi une grande variété de degré de confort dans les chicken bus, mais tout d’abord laissez-moi vous dire que je suis bien trop grande pour ce pays : j’ai toujours les genoux qui raclent contre le siège de devant et du coup des taches sur mes pantalons… ! En montant à la terminale, ça t’assures une place contre la fenêtre, et souvent il n’y que deux personnes par siège jusqu’à la sortie de la ville, mais après, comme hier tu peux facilement te retrouver avec une maman, sa fille ainée à côté de toi et le bébé quasiment sur tes genoux. Dans ce cas-ci, j’ai amèrement regretté de ne pas encore avoir pris des cours de K’iché, car elles ne parlaient presque pas espagnol. Dans les bus, s’opère un grand mélange de gens : il y a les gens très pauvres, comme la dite famille et des gens moins pauvre (écouteurs, habits à la mode). Ce mélange te rappelle, à toi et ton café à l’emporter, que le pays est hyper polarisés et ségrégué, que la pauvreté touche 50% de la population, au cas où les heures passées devant ton ordi et dans les jolis café branchés du centre te l’auraient fait oublier. Évidemment, il y a peu de gens riches dans les bus, ils en ont bien trop peur… Pour le moment – et je touche du bois – rien ne m’a encore laissé croire qu’ils ont raisons. (Je retiens quand même ma respiration à chaque fois que le bus dépasse un autre véhicule…).

Étape 4 : Mazate
Après un peu plus de deux heures de bus, l'arrivée à Mazate : débarquement immédiat et la chaleur te rentre dedans en même temps que s’arrête le mouvement du bus. Des dizaines de chauffeurs de tuc-tuc se proposent pour t’emmener et je peux arriver à l’uni en 5 minutes. Je me dépêche de sortir mon éventail et frénétiquement j’essaie tant bien que mal d’enrayer l’effet machine-à-vapeur de l’humidité… Heureusement, dans notre salle de cours il y a deux ventilateurs qui font bouger un peu l’air tout en produisant un sympathique bruit de fond tout à fait pratique pour comprendre ce que le prof dit. Bon en même temps, il lit ses slides alors je sais pas si j’ai vraiment besoin d’entendre ce qu’il dit… Dans le courant de l’après-m’, le ciel s’assombrit, et tranquillement on commence à sentir des bouffées d’air, puis des rafales qui te filent des frissons et finalement, les éclaires craquent entre les nuages, le tonner gronde, le ciel s’ouvre et la pluie tombe en trombe.

Étape 5 : Le retour
A 17h, après 3h de cours, je reprends la route, avec notre prof qui a le bon goût d’habiter à Xela et qui, en apprenant que j’y habite aussi, m’a gracieusement offert de me ramener. A cette heure-ci, les routes sont facilement encombrées alors faut se dépêcher et mon prof-chauffeur dépasse à tout va, tout en esquivant les trous dans la route… Hier, on a eu de la chance : un magnifique coucher de soleil au dessus des champs de canne à sucre, des palmiers et des grands arbres tropicaux. Dans cette belle lumière même les camions venant à contre sens avaient l’air beaux. On arrive de nuit à Xela après une bonne heure et demie de conduite brusque et saccadée… Plus qu’à retrouver les copains pour aller boire un verre – bien mérité je trouve.

Donc voilà, c’est un peu le parcours du combattant, c’est aussi chouette, c’est une plongée dans le « vrai Guate », mais c’est aussi épuisant. Felt like sharing :) 

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