Je dois aller suivre des cours chaque samedi à Mazate, 3h de cours sur un truc qui ne m’intéresse que très modérément et qui est encore plus modérément en lien avec ce que je fais, mais c’est obligatoire, alors soit.
Étape 1 : Le départ
Samedi matin, le réveil sonne
vers 8h, une douche, un petit déj’, je me prépare un sandwich, je passe me
prendre un café à l’emporter. En traversant au parc central (ça veut dire au milieu de la ville) je souris en voyant
des gens se balader avec leurs chèvres et j’attends un « microbus »
au coin d’une rue. Est-il nécessaire de vous dire qu’il n’y a que très peu d’arrêts
de bus officiels avec un panneau et un abri ? L’idée c’est de savoir à peu
près où passent les bus, et quand l'un deux s’approche, échange de regards, tu cries où tu veux aller, et si le bus s’arrête effectivement c’est que tôt ou tard il va t'amener où tu veux… Dans un microbus, il y a des degrés de confort très variables,
option 1 : avoir un siège et être plus ou moins coincé contre la vitre,
option 2 : (ça c’est le grand luxe) être assise devant avec le chauffeur,
option 3 : avoir une place debout, pardon plié, ça c’est quand tous les
sièges sont pris et qu’il ne te reste plus qu’à te contorsionner tant bien que
mal en espérant que des gens descendent prochainement.
Étape 2 : La Terminal
Minerva
La terminal, c’est de là que
partent les bus, c’est aussi un grand marché. Deux options s’offrent à toi à ce
stade, soit tu restes dans le bus qui contourne avec des arrêts fréquents tout
le marché et le jardin zoologique, ou tu traverses le marché. La deuxième option
est plus fun surtout si tu n’es pas trop chargé, et j’aime croire que c’est un
raccourci… Donc il faut se faufiler entre les vendeuses posées devant l’entrée
du marché et entre les trous dans la route, et surtout éviter les baleines des
parasols, les petits enfants, et les paniers de denrées qui sont posés partout.
L’allée qui traverse le marché est un peu mieux structurée et une largeur
minimale est respectée. Là, il faut éviter les porteurs et leurs chariots hyper
chargés qui ont une sacrée inertie, c’est-à-dire que t’as meilleur temps de t’enlever si un vient en face.
Ces bonds imprévisibles mais nécessaires ne t’aident donc pas à éviter de marcher dans des
flaques de boue ! La boue est particulièrement suspecte quand on approche
le secteur poisson… Finalement, après avoir enjambé d’autres petits stands de
fortunes, on débouche sur la place des bus, le fameux chaos mouvant. Les bus
klaxonnent, mugissent, les vendeurs ambulants crient, les prêcheurs prêchent…
des fois la Bible et des fois les vertus de je ne sais qu’elle pommade magique.
On te repère vite, et tu peux dés lors dire où tu veux aller, et on t’emmène
vers le bon bus. Une brève vérification de la destination et hop, te voilà dans
un bus ! Les bus pour Mazate partent chaque 15 minutes, et je dois
admettre que pour le coup ils sont super ponctuels.
Étape 3 : Le trajet
De gros coups de klaxon marquent
le départ, le moteur mugit, le levier de vitesses grince, et il ne nous reste
plus qu’à nous en remettre aux mains de Dieu, de Jésus ou de la Vierge Marie
(si possible des trois) vu qu’ils ont bénit le bus (enfin c’est ce qui est
marqué sur les autocollant au-dessus de la tête du chauffeur…). Le bus ramasse le
plus de passagers sur le chemin, le « broche » ou assistant du
chauffeur est chargé de les héler au passage, descendant, courant, criant et
grimpant au vol à l’échelle à l’arrière du bus pour accrocher les affaires sur
le toit, et redescendre et entrer par la porte arrière du bus… Il y a aussi une
grande variété de degré de confort dans les chicken
bus, mais tout d’abord laissez-moi vous dire que je suis bien trop grande
pour ce pays : j’ai toujours les genoux qui raclent contre le siège de
devant et du coup des taches sur mes pantalons… ! En montant à la
terminale, ça t’assures une place contre la fenêtre, et souvent il n’y que deux
personnes par siège jusqu’à la sortie de la ville, mais après, comme hier tu
peux facilement te retrouver avec une maman, sa fille ainée à côté de toi et le
bébé quasiment sur tes genoux. Dans ce cas-ci, j’ai amèrement regretté de ne pas
encore avoir pris des cours de K’iché, car elles ne parlaient presque pas
espagnol. Dans les bus, s’opère un grand mélange de gens : il y a les gens
très pauvres, comme la dite famille et des gens moins pauvre (écouteurs, habits
à la mode). Ce mélange te rappelle, à toi et ton café à l’emporter, que le pays
est hyper polarisés et ségrégué, que la pauvreté touche 50% de la population,
au cas où les heures passées devant ton ordi et dans les jolis café branchés du
centre te l’auraient fait oublier. Évidemment, il y a peu de gens riches dans
les bus, ils en ont bien trop peur… Pour le moment – et je touche du bois –
rien ne m’a encore laissé croire qu’ils ont raisons. (Je retiens quand même ma
respiration à chaque fois que le bus dépasse un autre véhicule…).
Étape 4 : Mazate
Après un peu plus de deux heures de bus, l'arrivée à Mazate :
débarquement immédiat et la chaleur te rentre dedans en même temps que s’arrête
le mouvement du bus. Des dizaines de chauffeurs de tuc-tuc se proposent pour t’emmener
et je peux arriver à l’uni en 5 minutes. Je me dépêche de sortir mon éventail
et frénétiquement j’essaie tant bien que mal d’enrayer l’effet machine-à-vapeur de l’humidité… Heureusement, dans notre salle de cours il y a deux ventilateurs qui
font bouger un peu l’air tout en produisant un sympathique bruit de fond tout à
fait pratique pour comprendre ce que le prof dit. Bon en même temps, il lit ses
slides alors je sais pas si j’ai
vraiment besoin d’entendre ce qu’il dit… Dans le courant de l’après-m’, le ciel s’assombrit,
et tranquillement on commence à sentir des bouffées d’air, puis des rafales qui
te filent des frissons et finalement, les éclaires craquent entre les nuages,
le tonner gronde, le ciel s’ouvre et la pluie tombe en trombe.
Étape 5 : Le retour
A 17h, après 3h de cours, je
reprends la route, avec notre prof qui a le bon goût d’habiter à Xela et qui,
en apprenant que j’y habite aussi, m’a gracieusement offert de me ramener. A
cette heure-ci, les routes sont facilement encombrées alors faut se dépêcher et
mon prof-chauffeur dépasse à tout va, tout en esquivant les trous dans la route…
Hier, on a eu de la chance : un magnifique coucher de soleil au dessus des
champs de canne à sucre, des palmiers et des grands arbres tropicaux. Dans
cette belle lumière même les camions venant à contre sens avaient
l’air beaux. On arrive de nuit à Xela après une bonne heure et demie de
conduite brusque et saccadée… Plus qu’à retrouver les copains pour aller boire un verre –
bien mérité je trouve.
Donc voilà, c’est un peu le
parcours du combattant, c’est aussi chouette, c’est une plongée dans le « vrai
Guate », mais c’est aussi épuisant. Felt like sharing :)
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