lundi 28 septembre 2015

Caminar por el Altiplano !



La semaine passée, j’étais super fière de moi : j’avais réussi à me garder 3 longues journées pour bosser mon mémoire… et puis on m’a appelée pour me proposer de partir marcher depuis Xela jusqu’au lac (Atitlán), et cela allait précisément prendre 3 jours. J’ai quand même eu la décence de discuter avec ma conscience avant d’accepter et de me dépêcher de faire mon sac !

mon sac à moi étant à Mazate, j'ai emprunté un cool compagnon de route

JOUR 1

Rendez-vous à 6h du mat’ à l’agence où notre guide Eduardo nous attendait, une voiture nous à poussé un bout hors de la ville et ensuite on a commencé à marcher. On croise tous les gens qui partent travailler ou à l’école. Au cours de la première montée on a croisé plusieurs familles avec des ânes qui descendaient d’un bon pas dans la vallée… Puis, on a débouché sur un plateau d’herbe haute, parsemé de champ de maïs, et ensuite on a traversé une zone d’habitations : du linge qui sèche, des chevaux qui broutent, des gens qui bossent dans les champs. Et soudain, un épais brouillard s’est invité et ne nous laissait entrevoir le paysage que de temps à autres… 

Tout est tellement vert...
forêt mouillée et rayon de soleil qui perce
Passage du département de Quetzaltenango à celui de Sololá
Un immense sourire c'est ce qui caractérise les gens ici
Maison de l'Altiplano, typique
Je vous parlais de brouillard intense...
Un véhicule, un signe de main en guise de salut

Après, on a commencé à descendre, descendre, descendre (les genoux ont vraiment pris cher…)… D’abord sur une crête où on a croisé des porteurs de bois, certains encore ado, d’autre plutôt la soixantaine et portant malgré tout des quantités inquiétantes de bois sur leur dos et montant péniblement la pente qu’on descend. On a aussi croisé ânes et chevaux qui n’étaient pas non plus épargnés par la charge… Au fur et à mesure que l’on descend, la végétation devient de plus en plus luxuriante (toujours un peu perdue dans la brume, oui c’est quand même la saison des pluies...).
Pieds nus dans des vieilles pompes en plastique, la "jupe" traditionnelle,
 cet homme remonte chez lui avec de la "leña" pour le four à bois
joli poney au repos...
poney et âne trimant
coup d'oeil entre les nuages (ok, celle-là de photo elle a un filtre...)
forêt mystique
celle-là aussi elle a un filtre...
même avec le brouillard c'est grandiose!
Les routes sont mauvaise, surtout depuis que l'ouragan Stan est passé...
c'était y'a bien quelques années et les rafistolages
d'urgence des routes comment à accuser le coup...

On pique-nique en vitesse (il se met à pleuvoir, mais heureusement pas trop longtemps), et on continue à descendre jusqu’à une communauté d’où la vue est vraiment belle sur les autres versants des montagnes. Et c’est reparti pour descendre, mais la terre tassée et mouillée glisse à l’extrême et chaque pas est un pari, un coup de bluff contre l’apesanteur… On descend au milieu de cafetales détrempée (ahhh oui, à ce moment-là, il pleuvait vraiment !). Mais on a de la chance : quand on arrive au fond de la vallée, au bord de la rivière, la pluie s’est arrêtée et on a pu traverser un précaire pont en bois en toute quiétude, sauf que de l’autre côté du pont on était… sur une île !! Donc on a enlevé nos pompes et traversé à pieds nus ce qui n’était pas désagréable du tout J. Mais après, il faut remonter jusqu’à la communauté où va dormir et là, les 7-8 heures de marche et les quelques 20 km qu’on a déjà dans les pattes se fond sentir et on arrive avec la nuit à Comon Oj. On s’installe, et après une bonne platée de spaghetti, on s’endort, épuisés. 

:)

sympa le pont hein?
deuxième traversée ^^
les grains de café murissent tranquilement

JOUR 2
A partir de 5h du matin, je me fait gentiment réveillé par les chants des femmes dans l’église… Donc vers 6h je me glisse hors de mon sac de couchage et me laisse guidé par le son : agenouillées, coiffées de grands foulards blancs à franges, les femmes chantent la vierge Marie, elles se succèdent par deux ou trois, profitant un peu de la sérénité de l’endroit. C’est donc dans cette ambiance qu’on a déjeuné et refait nos sacs et repris la route (malgré d’horribles courbatures), cette route nous a progressivement ramené vers la civilisation. Le ciel est toujours un peu bas, et ne nous laisse que d’éphémères coups d’œil sur les alentours, un peu frustrant j’admets. 

L'aube à Comon Oj
La femme de la famille chez qui on dort tisse
ces huipiles sont définitivement des œuvres d'art...

A midi, on mange chez des dames, qui essaient de nous enseigner comment faire des tortillas… Ca parait si simple quand on voit les femmes réaliser ces galettes d’une dizaine de centimètre de diamètre et dont l’épaisseur est d’une régularité quasi parfaite. On n’est pas très doués mais c’est drôle !

Cuisson des tortillas
Maïs jaune, maïs noir et petit chat :)
Les lavoirs, toujours au centre de la vie : c'est là qu'on lave linge,
qu'on se lave les mains, qu'on se brosse les dents

L’après-midi, on change un peu d’environnement, on traverse plusieurs communautés. L’une d’elle a une immense fresque peinte au milieu du village résumant les différentes étapes de l’histoire du pays. Puis on arrive à Santa Catarina, en dessous de la Nariz del Indio (oui, oui, la Nariz qu’on a escaladé il y a deux semaines avec Cathy). Nos hôtes de ce soir, nous ont préparé un temascal, il s’agit du sauna maya, un bac d’eau chaude, un d’eau froide, un pour faire le mélange, des pierre bouillantes sur lesquelles verser de l’eau pour créer de la vapeur et des branchettes d’arbres, non pas pour se taper dessus comme dans les bains kirghizes, mais pour faire circuler la valeur dans l’ensemble de l’habitacle. Ca détend, ça relax… Et une seconde fois, je m’endors rapidement dans un profond sommeil peuplé d’étranges rêves !

"joli" contraste...
craquantes!
timide...
La fresque
deux garçons très heureux de faire les guignoles devant nous ;)

JOUR 3
Le réveil a sonné à 4h30 du matin, on a vite refait nos sacs, et lampes de poche à la main, on a pris le chemin de la Nariz del Indio, d’où on devrait pouvoir admirer le lever de soleil sur le lac. Well, saison des pluies, implique nuages, même de bon matin… C’est beau quand même !! Et c’est chouette de prendre son petit dej’ là-haut : un café et une tartine au beurre de cacahuète… Et puis une fois de plus, on descend, pour rejoindre le lac et San Pedro où on partage un dernier repas de groupe avant de rentrer à Xela, bien crevée mais heureuse, ça fait du bien de sortir de la ville !! 

Alexia - moi - Annick - Cécile & le lac
Même avec les nuages c'est beau !!
Crique de San Juan

San Pedro la Laguna
Dernier coup d'oeil depuis le resto avant de rentrer...
(le niveau du lac monte d'environ 1m par an, c'est pour
 ça que tan d'arbres et de maisons ont les pieds dans l'eau...)

 Abrazos !!!

dimanche 20 septembre 2015

La véritable aventure universitaire ;)


Je dois aller suivre des cours chaque samedi à Mazate, 3h de cours sur un truc qui ne m’intéresse que très modérément et qui est encore plus modérément en lien avec ce que je fais, mais c’est obligatoire, alors soit.

Étape 1 : Le départ
Samedi matin, le réveil sonne vers 8h, une douche, un petit déj’, je me prépare un sandwich, je passe me prendre un café à l’emporter. En traversant au parc central (ça veut dire au milieu de la ville) je souris en voyant des gens se balader avec leurs chèvres et j’attends un « microbus » au coin d’une rue. Est-il nécessaire de vous dire qu’il n’y a que très peu d’arrêts de bus officiels avec un panneau et un abri ? L’idée c’est de savoir à peu près où passent les bus, et quand l'un deux s’approche, échange de regards, tu cries où tu veux aller, et si le bus s’arrête effectivement c’est que tôt ou tard il va t'amener où tu veux… Dans un microbus, il y a des degrés de confort très variables, option 1 : avoir un siège et être plus ou moins coincé contre la vitre, option 2 : (ça c’est le grand luxe) être assise devant avec le chauffeur, option 3 : avoir une place debout, pardon plié, ça c’est quand tous les sièges sont pris et qu’il ne te reste plus qu’à te contorsionner tant bien que mal en espérant que des gens descendent prochainement.

Étape 2 : La Terminal Minerva
La terminal, c’est de là que partent les bus, c’est aussi un grand marché. Deux options s’offrent à toi à ce stade, soit tu restes dans le bus qui contourne avec des arrêts fréquents tout le marché et le jardin zoologique, ou tu traverses le marché. La deuxième option est plus fun surtout si tu n’es pas trop chargé, et j’aime croire que c’est un raccourci… Donc il faut se faufiler entre les vendeuses posées devant l’entrée du marché et entre les trous dans la route, et surtout éviter les baleines des parasols, les petits enfants, et les paniers de denrées qui sont posés partout. L’allée qui traverse le marché est un peu mieux structurée et une largeur minimale est respectée. Là, il faut éviter les porteurs et leurs chariots hyper chargés qui ont une sacrée inertie, c’est-à-dire que t’as meilleur temps de t’enlever si un vient en face. Ces bonds imprévisibles mais nécessaires ne t’aident donc pas à éviter de marcher dans des flaques de boue ! La boue est particulièrement suspecte quand on approche le secteur poisson… Finalement, après avoir enjambé d’autres petits stands de fortunes, on débouche sur la place des bus, le fameux chaos mouvant. Les bus klaxonnent, mugissent, les vendeurs ambulants crient, les prêcheurs prêchent… des fois la Bible et des fois les vertus de je ne sais qu’elle pommade magique. On te repère vite, et tu peux dés lors dire où tu veux aller, et on t’emmène vers le bon bus. Une brève vérification de la destination et hop, te voilà dans un bus ! Les bus pour Mazate partent chaque 15 minutes, et je dois admettre que pour le coup ils sont super ponctuels.

Étape 3 : Le trajet
De gros coups de klaxon marquent le départ, le moteur mugit, le levier de vitesses grince, et il ne nous reste plus qu’à nous en remettre aux mains de Dieu, de Jésus ou de la Vierge Marie (si possible des trois) vu qu’ils ont bénit le bus (enfin c’est ce qui est marqué sur les autocollant au-dessus de la tête du chauffeur…). Le bus ramasse le plus de passagers sur le chemin, le « broche » ou assistant du chauffeur est chargé de les héler au passage, descendant, courant, criant et grimpant au vol à l’échelle à l’arrière du bus pour accrocher les affaires sur le toit, et redescendre et entrer par la porte arrière du bus… Il y a aussi une grande variété de degré de confort dans les chicken bus, mais tout d’abord laissez-moi vous dire que je suis bien trop grande pour ce pays : j’ai toujours les genoux qui raclent contre le siège de devant et du coup des taches sur mes pantalons… ! En montant à la terminale, ça t’assures une place contre la fenêtre, et souvent il n’y que deux personnes par siège jusqu’à la sortie de la ville, mais après, comme hier tu peux facilement te retrouver avec une maman, sa fille ainée à côté de toi et le bébé quasiment sur tes genoux. Dans ce cas-ci, j’ai amèrement regretté de ne pas encore avoir pris des cours de K’iché, car elles ne parlaient presque pas espagnol. Dans les bus, s’opère un grand mélange de gens : il y a les gens très pauvres, comme la dite famille et des gens moins pauvre (écouteurs, habits à la mode). Ce mélange te rappelle, à toi et ton café à l’emporter, que le pays est hyper polarisés et ségrégué, que la pauvreté touche 50% de la population, au cas où les heures passées devant ton ordi et dans les jolis café branchés du centre te l’auraient fait oublier. Évidemment, il y a peu de gens riches dans les bus, ils en ont bien trop peur… Pour le moment – et je touche du bois – rien ne m’a encore laissé croire qu’ils ont raisons. (Je retiens quand même ma respiration à chaque fois que le bus dépasse un autre véhicule…).

Étape 4 : Mazate
Après un peu plus de deux heures de bus, l'arrivée à Mazate : débarquement immédiat et la chaleur te rentre dedans en même temps que s’arrête le mouvement du bus. Des dizaines de chauffeurs de tuc-tuc se proposent pour t’emmener et je peux arriver à l’uni en 5 minutes. Je me dépêche de sortir mon éventail et frénétiquement j’essaie tant bien que mal d’enrayer l’effet machine-à-vapeur de l’humidité… Heureusement, dans notre salle de cours il y a deux ventilateurs qui font bouger un peu l’air tout en produisant un sympathique bruit de fond tout à fait pratique pour comprendre ce que le prof dit. Bon en même temps, il lit ses slides alors je sais pas si j’ai vraiment besoin d’entendre ce qu’il dit… Dans le courant de l’après-m’, le ciel s’assombrit, et tranquillement on commence à sentir des bouffées d’air, puis des rafales qui te filent des frissons et finalement, les éclaires craquent entre les nuages, le tonner gronde, le ciel s’ouvre et la pluie tombe en trombe.

Étape 5 : Le retour
A 17h, après 3h de cours, je reprends la route, avec notre prof qui a le bon goût d’habiter à Xela et qui, en apprenant que j’y habite aussi, m’a gracieusement offert de me ramener. A cette heure-ci, les routes sont facilement encombrées alors faut se dépêcher et mon prof-chauffeur dépasse à tout va, tout en esquivant les trous dans la route… Hier, on a eu de la chance : un magnifique coucher de soleil au dessus des champs de canne à sucre, des palmiers et des grands arbres tropicaux. Dans cette belle lumière même les camions venant à contre sens avaient l’air beaux. On arrive de nuit à Xela après une bonne heure et demie de conduite brusque et saccadée… Plus qu’à retrouver les copains pour aller boire un verre – bien mérité je trouve.

Donc voilà, c’est un peu le parcours du combattant, c’est aussi chouette, c’est une plongée dans le « vrai Guate », mais c’est aussi épuisant. Felt like sharing :) 

lundi 14 septembre 2015

Les dames du lac & autres légendes



Ce week-end c’était enfin les fameuses élections… Du coup, le plan  c’était de s’éclipser le jour avant et revenir le jour après : direction el Lago Atitlán, à quelques heures de bus de Xela. Je suis partie avec ma colocataire Cathy, une Française qui est en train de monter un projet de métissage entre le tissage « à la traditionnelle » et ses dessins de vêtements plus contemporains. Par conséquent, un des principaux buts du week-end était de découvrir les différents huipiles (pull tissé de milles couleurs) que les femmes portent autour du lac, chaque village à son propre style de huipil : couleur, motifs, etc.!

SOLOLÁ
On a fait une première halte a Sololá, une ville qui surplombe le laco et où trône une magnifique tour du début du 20e siècle, ainsi qu’une église coloniale décorée de grande tentures. On a aussi fait un tour au marché, ici, les huipiles sont dans les bleus marines-violets, avec des motifs très fins. Puis, on a pris un bus pour Panajachel, la ville la plus coooooool du lac : ils ont même construit d’affreuse tours d’immeubles en béton genre à la soviétique, ils ont néamoins eu la décence de les peindre en vert pour qu’elles se fondent dans la végétation. En se baladant, on a bien failli se perdre dans les centaines de boutiques vendant de l’artisanat, je dis bien failli car on s’est tout d’un coup on a réalisé l’ampleur et un peu la perversion de cet endroit, on a sauté dans un tuc-tuc et sous les premières gouttes de pluie on a filé vers Santa Catarina Palopo.

Belle tour de 1912, le symbole de Sololá
Les vieux bus américains ont toujours autant de charme :)
Ici, les hommes aussi portent un habit traditionnel:
bermudas tissé et brodé, chemise brodée et un pagne-paréo
plus sombre, ahhh et le chapeau!
Très beau marché :)

SANTA CATARINA PALOPO
On est arrivées sous la pluie et du coup on était bien contentes de se réfugier sous l’avant-toit de cette maison ou des femmes étaient justement en train de tisser ! Elles nous ont montré leur production et expliqué comment elles faisaient, c’est pas hyper simples a comprendre… Mais elles commencent à tisser à 8 ans alors elles gèrent et accomplissent un travail réellement magnifique!! Ici, les huipiles sont soit noirs avec des broderies de toutes les couleurs : des oiseaux, enfin surtout des quetzals, des aigles, des papillons, le tout stylisé et brodé-noué au fur et a mesure du tissage ; soit une combinaison de motifs géométriques dans un dégradé allant du bleu au vert en passant par le violet et le turquoise, avec quelques touches de orange pour le contraste. Evidemment, (oui, je sais je suis un rien prévisible), j’en ai acheté un a une dame un peu plus loin…

Masques vraiment cool photographiés à Panajachel
Sexy, hein?
Première visite chez les tisseuses
Magnifique huipil et sa créatrice!
Ca c'est le huipile pour lequel j'ai craqué!
le "métier-à-tisser"
Les femmes attachent le "métier-à-tisser"
 et à genoux tissent toute la journée

SAN PEDRO, SAN JUAN & LA NARIZ
On a ensuite pris un bateau pour San Pedro la Laguna, officiellement the village pour faire la fête… sauf que comme c’est les élections, la « ley seca » est en vigueur : pendant les 48h autour des élections, aucun lieu public n’a le droit de vendre de l’alcool, histoire d’éviter les débordements… Donc, après avoir trouvé ce joli petit resto italien, on allait se résigner à manger italien sans vin… Notre pote allemand pour la soirée a quand même tenté le coup en demandant gentiment à la serveuse si on ne pouvait pas avoir un petit verre, mais elle a dit que « non, pas de vin, mais par contre [gros clin d’œil] elle pouvait nous apporter des café americano »… C’est en rigolant, qu’on a donc siroté notre Merlot dans des tasses à café ! C’était vraiment bon, il faut dire qu’ils ont eu la meilleure idée du monde : sachant que les touristes en rade de bonne bouffe italienne allaient avoir de la peine à choisir, ils proposent un combo : lasagnes, gnocchi au pesto et ravioli ricotta-épinards, et je vous parle pas du tiramisu pour le dessert…! *happy*

Dimanche, réveil a l’aube, car grimpe sur le Nez du Maya… On ne sait pas vraiment pourquoi ce géant-là est resté couché autant d’années ou de millénaires, mais ce qui est sur c’est qu’on voit distinctement son profil depuis San Pedro, et que depuis la pointe de son nez, la vue est superbe!! 

La pointe la plus haute, c'est là où on va, mais d'abord
il faut traverser la plaine de champs de milpa (plante du maïs)
Au loin c'est le volcan San Pedro
Et le voilà, le fameux lac!!!
En rentrant, en traversant les villages, on a pu voir des centaines de gens endimanchés, faire la queue pour aller voter, une ambiance moitié festive, moitié tendue régnait un peu partout, mais calme. 




Après une douche, on a repris un bateau pour Santiago Atitlán, la seconde plus grande ville autour du lac. Le débarcadère de San Pedro est vraiment… particulier, le niveau de l’eau a dû soudainement monter, car plein de maison ont l’eau au niveau des fenêtres ! Ca donnait des paysages un peu surréalistes, et très photogéniques selon moi ;) 






SANTIAGO ATITLÁN
A notre arrivée, on s’est fait prendre par le plus grand déluge de mon existence! Sérieusement, c’était la folie! Y’avait tellement d’eau dans la rue qu’on a fini par traverser à pieds nus pour ne pas ruiner totalement nos chaussures, on avait de l’eau jusqu’au dessus de nos chevilles! On a rit, c'était ridicule... 

Les huipiles de Santiago sont parmi les plus beaux qu’on aie vu, ou peut-être les plus riches : le fond était assez simple, du mauve avec des rayures, mais dessus et tout autour du col, des centaines (et vraiment des centaines) de petits oiseaux (genre mésanges et rossignols locaux) brodés, à la main bien sûre... Splendide! On a ensuite pu voir que les votations sont loin d'être conclues, il y a encore des tas de gens qui font la queue, tandis que les autres attendent, en trainant, que les premiers résultats sortent (aux alentours de 23h) et la, enfin, il sera temps de célébrer la victoire de tel ou tel maire (il n’y a pas de second tour pour les maires).

Mais ce qui nous amenait réellement a Santiago, c’étais Maximón, et la commence une autre légende. Pour que vous compreniez, il me faut recourir à un petit flashback : quand je suis arrivée dans la casa de huéspedes, une fille vivant dans la maison m'avait emmenée au marché de la Terminal, au hasard des avenues et des allées, on était tombées sur ce stand devant lequel trônait une sculpture d'un monsieur assis, tout vêtu de noir. Le stand vendait aussi plein de petites bougies de couleurs. Mon accompagnante, très, très évangéliste m'avait très vite entrainée loin de ces stands me disant que ce n’était que magie noire et obscurantisme, etc. Vous imaginez bien que je n’allais pas me contenter de ca... Donc quand j'ai pu discuter avec d'autres gens (et potasser mon guide) j'ai pu obtenir d'autres infos, bien plus satisfaisantes !! Donc, le monsieur en noir c'est Maximón (prononce "Machimon"), ou San Simon, une proximité phonétique tout à fait pratique pour l'assimilation des religions maya avec le catholicisme. Il se trouve que la fameux Maximón aurait été un prêtre maya qui résistait beaucoup trop à la colonisation espagnole, et qui, en plus, arrivait tout le temps à s'échapper quand il était capturé par les colons. Du coup, ces derniers lui tendirent un piège et l'attrapèrent une fois de plus, et pour être sûre qu'il ne se volatilise pas, coupèrent son corps en 4 morceaux et les envoyèrent aux 4 coins de la région pour prouver au peuple que le Dieu catholique était plus fort que le Dieu maya. Ainsi, les villes où furent envoyé les morceaux de Maximón, le virent se régénérer (ou quelque chose du genre) et par conséquent, dans ces villes, ce sont vers ces statues que les gens se tournent pour prier. 

Mais, comme nous explique notre chauffeur de tuc-tuc (qui nous a carrément fait un sightseeing tour de la ville, avec commentaires, rumeurs et récits historiques, s'il vous plait), Maximón change de maison chaque année entre le 10 et le 11 mai, c’est-à-dire qu’il change de confrérie, c'est pourquoi, il n'y a pas de lieu fixe où voir Maximón. Il nous y a emmenées : une maison au bord d'une route, chez des gens en fait. Par contre, comme c'était dimanche et comme il était déjà 4h de l'après-midi, Maximón s'était déjà retiré dans sa chambre, emmené par son protecteur (c’est-à-dire une vraie personne qui transporte la statue), qui le lève et le couche chaque jour, lave ses habits une fois par mois, et reste à ses cotés toute la journée pour effectuer les cérémonies (toujours avec de la fumée d'herbes odorantes, et en fumant de gros cigares) que les gens demandent pour guérir un proche, pour le succès de leur entreprise, pour une bonne récolte, etc. Donc, on n'a pas vu Maximón.  Il y avait juste son siège avec des bougies (et une affiche de Baldizón du Partido Líder accrochée au fond de la pièce), on a vu le plafond tout décoré de papiers découpés de milles couleurs, on a vu les statues qui accompagnent Maximón dans sa pérégrination (la vierge, Jésus et autres saints – je manque définitivement de backgroung religieux...). Ambiance particulière qui n'est pas sans me rappeler le culte del Diablo dans les mines de Potosí en Bolivie. 

Maximón n'est pas là, Baldizon, oui...
Bref, en rentrant, notre guide nous a emmené vers une petite place, et là malheureusement, il ne s'agit pas de légendes mais de faits bien réels, il ne s'agit pas de quelques massacres coloniaux remontant aux années 1600 mais de massacres bien trop récents : datant de 1990... La Parque de la Paz, alors une petite place en face d'un cuartel militaire. La guerre civile fait rage et les militaires en toute impunité tuent, séquestrent, et violent. Justement, ils viennent d'enlever cette jeune fille qui rentrait chez elle juste après le couvre-feu (elle venait de chez sa grand-mère, qui était malade – toute ressemblance avec le Petit Chaperon Rouge est parfaitement fortuite!). Donc le lendemain, le peuple s'est réunit en face du cuartel pour demander que les attaques cessent, ils voulaient la paix : il y avait des femmes, des enfants sur la place… Les militaires ont tirés : 13 morts, dont 4 enfants. Mais l'histoire dit qu'après ça, les militaires s'enfuirent et Santiago fût l'un des premiers villages à expulser les militaires et retrouver la « paix ». Les Accords de Paix ont eu lieu en 1996.  

Parque le la Paz, 1990
13 pierres tombales autour du parc, où chaque 2 du mois
une messe de mémoire est donnée
Une contribution à la mémoire plus contemporaine

SANTA CRUZ
Ensuite, on a repris un bateau pour Santa Cruz, ou on s'est installées dans un charmant hostel, ou les dortoirs les moins chers n'ont pas d'électricité... et (on s'en est rapidement rendues compte) pas de murs non plus hahaha, juste un toit de chaume... Ca a été quand même vachement chouette de se réveiller avec la vue directe dans un arbre avec les rayons du soleil, pour ensuite aller contempler le lac et la vue sur les volcans juste en face ! Les repas sont pris en commun, tous à la même table, et même qu’on joue au Jungle Speed... Je me sentais déjà pas mal en camp, mais quand on m'a proposé de jouer au Loup-Garou, je n'ai pu que rire...!
La vue depuis l'hostel : le lac après la pluie

Nice, hein?
Au petit matin on a encore visité le village de Santa Cruz, où la conception des huipiles est étonnement moderne : la toile de fond est d'un rouge intense alors que le haut du dos est brodé de motifs géométriques dans les bleus et turquoises, très, très beau! 

Tuc-tuc et villages escarpés, ça sent l'Italie...

Malgré toutes les affiches, malgré les slogans peints sur les trottoirs,
 les maisons et les pierres bordant les routes, il semble que
Baldizón et son parti Líder ne passent pas au second tour.
Sympathique jeu de mot sur "medio" qui peut dire milieu ou moitié :
On ne veut pas la moitié de l'environnement, on le veut complet"
Église et stade de foot coincé au seul endroit plat du village...


Une dame allant prendre le bateau, portant les
fameux huipiles rouges devants, brodés dans le dos
Comme vous pouvez le voir, le paysage en
entier est un support pour les campagnes électorales...
SAN ANTONIO PALOPO
Puis, on a pris un dernier bateau pour aller à San Antonio Palopo, où là, ça sentait l'Italie, la Sicile : bougainvillier en fleur, volcans et villages accrochés aux flancs escarpés du lac. Là-bas les huipiles étaient bleus marines, très sobres, aussi très beau, presque un uniforme. Dans une boutique, les dames ont insisté pour nous coiffer comme elles, ça été drôle, et chaleureux! 

Véritable métier-à-tisser
Ca parait si simple...
et voilà le résultat! (vous apprécierez tout particulièrement
les petits fils brillants qui nous pendent dans le cou....)
Joli décors du marché du village
Les beaux huipiles bleus marines, comme l'eau du lac
Jeunes vendeurs de tacos sur fond de volcan :)

RETOUR A XELA
Et finalement, on a entamé le périple qui allait nous ramener à Xela : un premier bus de Panajachel à Solola. Là, on a été surprises par le monde qui gravitait et attendait autour du parc central, et surtout par l'immobilité des bus et le silence des moteurs... Apparemment, les gens ne sont pas contents des résultats des élections, le même maire aurait été réélu, grâce à de la fraude... Donc les gens bloquaient la sortie de la ville. Mais soudainement, les moteurs s'enclenchent et c'est la ruée pour rentrer dans le bus – qui a, je le mentionne au passage, un nombre officiel de 44 places. J'ai seulement une fesse sur une banquette, je suis la 3e personne... Et une petite fille de 6-7 ans sur les genoux. Y'a des gens partout, on doit être au moins 120... Le départ est même retardé car apparemment une dame refusait de lâcher l'échelle extérieure... J'ose pas imaginer combien de personnes étaient sur le toit. Quelques kilomètres plus loin, une rumeur en maya se propage dans le bus et soudainement, tout le monde ferme les fenêtres : apparemment les gens jettent des pierres contres les véhicules... nickel. Là, le bus s'arrête et les gens descendent, continuant a pieds, c'est en voyant la cohorte de gens, tous en provenance de notre bus que je me suis rendue compte du monde qu'il y avait là dedans... Finalement, pas de quoi dramatiser : pas de pierre, juste un meeting sur le bord de la route de gens pas contents par les résultats des élections. Il ne nous restait « plus qu'à » prendre encore 3 autres bus pour arriver « à la maison » la tête pleine de couleurs…

Pick-up et bus sont plein à craquer...



with love,