vendredi 31 juillet 2015

Ma vie de luxe et de sécurité



Voilà presque deux semaines (déjà) que je suis ici, à Mazate et plus particulièrement dans la famille de la doctora. Comme je l’ai peut-être déjà laissé entendre par What’s App, cette situation n’est pas vraiment ce que je considère comme optimale… Mais d’abord laissez-moi vous dresser un peu le tableau.

La maison de la famille Maldonado se trouve à San Francisco, soit un village au-dessus de Mazate, un peu plus en altitude, il y fait un peu plus frais, enfin tout est relatif. Elle se trouve à côté d’un élevage de poulet, ça veut dire qu’à partir de 3h du matin, de coquelets chantent à tue-tête, et quand ils se taisent c’est le regaeton des tiendas qui prend le relais, j’ai bien fait de m’équiper de boules Quiès. La maison est grande y’a plein de chambres, avec plein de lits et les occupants ne sont pas vraiment fixes à ce que j’ai compris… Enfin, je crois que c’est surtout la fille cadette, qui n’aime pas dormir seule alors elle squatte le lit de sa mère ou de sa sœur. Y’a un jardin aussi avec des arbres, ce qui est un luxe, et le tout est bien entendu entouré d’un mur, mais pas de barbelé ^^.

Passons aux habitants :
- Alba Ruth, la doctora, c’est elle qui gère tout, qui paie tout aussi, c’est aussi elle qui dit ce qui est bien ou pas et qui sont les bonnes personnes. Elle me demande sans cesse si je suis bien, ce à quoi je me sens évidemment obligée de répondre que oui, tout est parfait.
- Julio, le mari, énorme, il travaille chez Coca Cola comme mécanicien, c’est apparemment le meilleur mari et père du monde.
- Ana Lucía, la fille aînée, well, que dire à part qu’on n’a, d’entrée, absolument aucun atomes crochus… Elle est précieuse et c’est certainement elle qui crie « Ruuuuuuuth, Ruthííííía » (c’est la bonne) le plus souvent et le plus fort. C’est elle qui doit m’amener partout, et je suis censée devenir super pote avec elle.
- José Andrea, la fille cadette, well, elle est très catholique et du haut de ses 14 ans elle donne déjà des cours d’endoctrinement, non pardon, de religion à des enfants de 3 ans. Du coup elle m’a gentiment énuméré tous les saints en lesquels croient les catholiques et toutes les différences avec les évangélistes, les mormons et les témoins de Jéhovah qui sont TRÈS bien implantés ici. Sinon, elle m’a demandé pourquoi je ne me maquillais pas et pourquoi je n’avais pas de verni à ongle [no comment].
Après vient tout le personnel :
- Magali, qui est la sœur aînée d’Alba Ruth, c’est elle qui gère toute la cuisine, je ne sais pas trop pourquoi elle ne mange jamais avec nous, mais avec le personnel
- Ruth ou Ruthía, la bonne, c’est elle qu’on appelle quand on ne veut pas monter les escaliers.
- la dame qui lave le linge, elle, elle a beaucoup de travail, car les filles se changent genre 3 fois par jours, et se douchent 4 fois, et à chaque fois bin il faut mettre d’autres habits.
- le chauffeur-garde-du-corps, lui, il est sympa et à un pistolet pour escorter la doctora partout.
Et sinon il y a les deux petits-enfants de Magali, Miguel et Kelly. Et les voisins : Afredo, Ana Lucía et leur fille de 2 ans Ana Pamela, qui a la voix la plus aigue que j’ai jamais entendue.
Et il y a les chiens, un trio assez hétéroclite il faut le dire : Blacky, une rotweiler assez calme, Afredo, un jeune et grand chien mal dressé qui te saute dessus, et Leicha, un stupide chiwawa. Voilà, je crois que j’ai fait le tour de l’écosystème ;).

Donc, on me sert le petit dej’, on fait mon lit, on lave mon linge, on me conduit, on me ramène, on me prévoit ma vie… et tout ceci va gentiment me faire péter un cable malheureusement, car on t’informes jamais vraiment, tu ne peux pas vraiment choisir ce que tu manges, et évidemment pas ce que tu fais, déjà plusieurs fois, la dame du linge rentre dans ma chambre pendant que je dors, donc tu te réveilles et y’a quelqu’un qui est là à se balader à côté de toi. L’autre nuit j’ai rêver que quelqu’un était venu prendre mon couvre-lit, et bin en fait ce n’était pas un rêve, maintenant j’ai plus de couvre-lit. Et puis j’aime pas les haricots rouges et y’en a tout le temps !

C’est pourquoi, j’ai été avec Rita Elena (une Licenciada de l’université qui est pour le moment la personne la proche de devenir une amie), visiter des chambres, et je vais normalement déménager ce week-end dans une « casa de huéspedes », bien jolie dans le centre de Mazate, je vais donc abandonner le luxe d’avoir deux cuisinière et une dame qui lave le linge, mais je vais pouvoir manger ce que je veux et être un peu autonome. Youhou !

Mais ce qui reste triste c’est que tout le monde à peur de tout, tout le temps, alors ils restent chez eux, enfermés, ou vont d’en d’autres zones sécurisées, comme par exemple les grands centres commerciaux et les « parques de diversiones ». Toutes les chaînes de magasins et de fast-food on quand même réussi un sacré tour de force : avoir sous la main, quasi en captivité, la frange de la population du Guatemala qui dispose des moyens d’acheter toutes ces pizza et hamburger, et tout ça, au nom de la sécurité et de la modernité (parce que les fast-food c’est modernes). Je dois admettre que ça me rend triste… car finalement, les gens se retrouvent dans cette situation, parce qu’apparemment, au moins, dans ces endroits, ils peuvent laisser leur enfants courir dans souci, et loi de l’« encerramiento de las casas » (l’enfermement des maisons).

Je vous embrasse.

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