Voilà presque deux semaines
(déjà) que je suis ici, à Mazate et plus particulièrement dans la famille de la
doctora. Comme je l’ai peut-être déjà laissé entendre par What’s App, cette
situation n’est pas vraiment ce que je considère comme optimale… Mais d’abord
laissez-moi vous dresser un peu le tableau.
La maison de la famille
Maldonado se trouve à San Francisco, soit un village au-dessus de Mazate, un
peu plus en altitude, il y fait un peu plus frais, enfin tout est relatif. Elle
se trouve à côté d’un élevage de poulet, ça veut dire qu’à partir de 3h du
matin, de coquelets chantent à tue-tête, et quand ils se taisent c’est le
regaeton des tiendas qui prend le relais, j’ai bien fait de m’équiper de boules
Quiès. La maison est grande y’a plein de chambres, avec plein de lits et les
occupants ne sont pas vraiment fixes à ce que j’ai compris… Enfin, je crois que
c’est surtout la fille cadette, qui n’aime pas dormir seule alors elle squatte
le lit de sa mère ou de sa sœur. Y’a un jardin aussi avec des arbres, ce qui
est un luxe, et le tout est bien entendu entouré d’un mur, mais pas de barbelé
^^.
Passons aux habitants :
- Alba Ruth, la doctora, c’est
elle qui gère tout, qui paie tout aussi, c’est aussi elle qui dit ce qui est
bien ou pas et qui sont les bonnes personnes. Elle me demande sans cesse si je
suis bien, ce à quoi je me sens évidemment obligée de répondre que oui, tout
est parfait.
- Julio, le mari, énorme, il
travaille chez Coca Cola comme mécanicien, c’est apparemment le meilleur mari
et père du monde.
- Ana Lucía, la fille aînée,
well, que dire à part qu’on n’a, d’entrée, absolument aucun atomes crochus…
Elle est précieuse et c’est certainement elle qui crie « Ruuuuuuuth,
Ruthííííía » (c’est la bonne) le plus souvent et le plus fort. C’est elle
qui doit m’amener partout, et je suis censée devenir super pote avec elle.
- José Andrea, la fille cadette,
well, elle est très catholique et du haut de ses 14 ans elle donne déjà des
cours d’endoctrinement, non pardon, de religion à des enfants de 3 ans. Du coup
elle m’a gentiment énuméré tous les saints en lesquels croient les catholiques
et toutes les différences avec les évangélistes, les mormons et les témoins de
Jéhovah qui sont TRÈS bien implantés ici. Sinon, elle m’a demandé pourquoi je
ne me maquillais pas et pourquoi je n’avais pas de verni à ongle [no comment].
Après vient tout le
personnel :
- Magali, qui est la sœur
aînée d’Alba Ruth, c’est elle qui gère toute la cuisine, je ne sais pas trop
pourquoi elle ne mange jamais avec nous, mais avec le personnel
- Ruth ou Ruthía, la bonne,
c’est elle qu’on appelle quand on ne veut pas monter les escaliers.
- la dame qui lave le linge,
elle, elle a beaucoup de travail, car les filles se changent genre 3 fois par
jours, et se douchent 4 fois, et à chaque fois bin il faut mettre d’autres
habits.
- le chauffeur-garde-du-corps,
lui, il est sympa et à un pistolet pour escorter la doctora partout.
Et sinon il y a les deux
petits-enfants de Magali, Miguel et Kelly. Et les voisins : Afredo, Ana
Lucía et leur fille de 2 ans Ana Pamela, qui a la voix la plus aigue que j’ai
jamais entendue.
Et il y a les chiens, un trio
assez hétéroclite il faut le dire : Blacky, une rotweiler assez calme,
Afredo, un jeune et grand chien mal dressé qui te saute dessus, et Leicha, un
stupide chiwawa. Voilà, je crois que j’ai fait le tour de l’écosystème ;).
Donc, on me sert le petit
dej’, on fait mon lit, on lave mon linge, on me conduit, on me ramène, on me
prévoit ma vie… et tout ceci va gentiment me faire péter un
cable malheureusement, car on t’informes jamais vraiment, tu ne peux pas
vraiment choisir ce que tu manges, et évidemment pas ce que tu fais, déjà
plusieurs fois, la dame du linge rentre dans ma chambre pendant que je dors,
donc tu te réveilles et y’a quelqu’un qui est là à se balader à côté de toi.
L’autre nuit j’ai rêver que quelqu’un était venu prendre mon couvre-lit, et bin
en fait ce n’était pas un rêve, maintenant j’ai plus de couvre-lit. Et puis
j’aime pas les haricots rouges et y’en a tout le temps !
C’est pourquoi, j’ai été avec
Rita Elena (une Licenciada de l’université qui est pour le moment la personne
la proche de devenir une amie), visiter des chambres, et je vais normalement
déménager ce week-end dans une « casa de huéspedes », bien jolie dans
le centre de Mazate, je vais donc abandonner le luxe d’avoir deux cuisinière et
une dame qui lave le linge, mais je vais pouvoir manger ce que je veux et être
un peu autonome. Youhou !
Mais ce qui reste triste c’est
que tout le monde à peur de tout, tout le temps, alors ils restent chez eux,
enfermés, ou vont d’en d’autres zones sécurisées, comme par exemple les grands
centres commerciaux et les « parques de diversiones ». Toutes les
chaînes de magasins et de fast-food on quand même réussi un sacré tour de force :
avoir sous la main, quasi en captivité, la frange de la population du Guatemala
qui dispose des moyens d’acheter toutes ces pizza et hamburger, et tout ça, au
nom de la sécurité et de la modernité (parce que les fast-food c’est modernes).
Je dois admettre que ça me rend triste… car finalement, les gens se retrouvent
dans cette situation, parce qu’apparemment, au moins, dans ces endroits, ils
peuvent laisser leur enfants courir dans souci, et loi de l’« encerramiento
de las casas » (l’enfermement des maisons).
Je vous embrasse.
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