vendredi 31 juillet 2015

La finca de las nubes



Mardi, 5h du mat’, j’attendais trépignant d’impatience, chaussures de montagne aux pieds (donc chaussettes), armée de mon fidèle sac à dos et d’un pull, que le petit-fils de Magali, Armando, passe me prendre avec sa moto. Direction : un mirador en haut d’une célèbre plantation de café sur les flancs du volcan le plus proche. Il va sans dire que le casque est resté au niveau du concept et c’est chevaux au vent qu’on file dans le jour naissant (ça rime huhu !). Il fait frais.Bonheur.

Au début la route est bonne, on traverse des villages qui se réveille et on rattrape les travailleurs qui, leur machette à la ceinture, se rendent à la finca pour travailler. Armando me montre toutes les installations pour produire le café et m’explique que plus le café est produit en altitude plus il est réputé de qualité. Ensuite on grimpe, grimpe sur des chemins un peu scabreux (mais la moto tient bon). On arrive au mirador, tout en haut de la plantation, et de là, on peut en voir toute l’étendue. Et il fait toujours frais. On quête le quetzal, mais il ne se pointe pas le malin petit oiseau vert…

Avant de redescendre dans la torpeur de Mazate, on voit que le volcan d’à côté vient de cracher des volutes de fumée… :)

Maison de l'administrateur de la finca

Les jolies routes bordées de palmiers :)
Le mirador !!

La vista - purao aire fresco

Gros-plan sur le cafetal


quelqu'un que vous connaissez devant le bâtiment principal de la finca

Traditionnel lavoir, encore en service donc...

Volutes de fumée
 *besos y abrazos
 

Ma vie de luxe et de sécurité



Voilà presque deux semaines (déjà) que je suis ici, à Mazate et plus particulièrement dans la famille de la doctora. Comme je l’ai peut-être déjà laissé entendre par What’s App, cette situation n’est pas vraiment ce que je considère comme optimale… Mais d’abord laissez-moi vous dresser un peu le tableau.

La maison de la famille Maldonado se trouve à San Francisco, soit un village au-dessus de Mazate, un peu plus en altitude, il y fait un peu plus frais, enfin tout est relatif. Elle se trouve à côté d’un élevage de poulet, ça veut dire qu’à partir de 3h du matin, de coquelets chantent à tue-tête, et quand ils se taisent c’est le regaeton des tiendas qui prend le relais, j’ai bien fait de m’équiper de boules Quiès. La maison est grande y’a plein de chambres, avec plein de lits et les occupants ne sont pas vraiment fixes à ce que j’ai compris… Enfin, je crois que c’est surtout la fille cadette, qui n’aime pas dormir seule alors elle squatte le lit de sa mère ou de sa sœur. Y’a un jardin aussi avec des arbres, ce qui est un luxe, et le tout est bien entendu entouré d’un mur, mais pas de barbelé ^^.

Passons aux habitants :
- Alba Ruth, la doctora, c’est elle qui gère tout, qui paie tout aussi, c’est aussi elle qui dit ce qui est bien ou pas et qui sont les bonnes personnes. Elle me demande sans cesse si je suis bien, ce à quoi je me sens évidemment obligée de répondre que oui, tout est parfait.
- Julio, le mari, énorme, il travaille chez Coca Cola comme mécanicien, c’est apparemment le meilleur mari et père du monde.
- Ana Lucía, la fille aînée, well, que dire à part qu’on n’a, d’entrée, absolument aucun atomes crochus… Elle est précieuse et c’est certainement elle qui crie « Ruuuuuuuth, Ruthííííía » (c’est la bonne) le plus souvent et le plus fort. C’est elle qui doit m’amener partout, et je suis censée devenir super pote avec elle.
- José Andrea, la fille cadette, well, elle est très catholique et du haut de ses 14 ans elle donne déjà des cours d’endoctrinement, non pardon, de religion à des enfants de 3 ans. Du coup elle m’a gentiment énuméré tous les saints en lesquels croient les catholiques et toutes les différences avec les évangélistes, les mormons et les témoins de Jéhovah qui sont TRÈS bien implantés ici. Sinon, elle m’a demandé pourquoi je ne me maquillais pas et pourquoi je n’avais pas de verni à ongle [no comment].
Après vient tout le personnel :
- Magali, qui est la sœur aînée d’Alba Ruth, c’est elle qui gère toute la cuisine, je ne sais pas trop pourquoi elle ne mange jamais avec nous, mais avec le personnel
- Ruth ou Ruthía, la bonne, c’est elle qu’on appelle quand on ne veut pas monter les escaliers.
- la dame qui lave le linge, elle, elle a beaucoup de travail, car les filles se changent genre 3 fois par jours, et se douchent 4 fois, et à chaque fois bin il faut mettre d’autres habits.
- le chauffeur-garde-du-corps, lui, il est sympa et à un pistolet pour escorter la doctora partout.
Et sinon il y a les deux petits-enfants de Magali, Miguel et Kelly. Et les voisins : Afredo, Ana Lucía et leur fille de 2 ans Ana Pamela, qui a la voix la plus aigue que j’ai jamais entendue.
Et il y a les chiens, un trio assez hétéroclite il faut le dire : Blacky, une rotweiler assez calme, Afredo, un jeune et grand chien mal dressé qui te saute dessus, et Leicha, un stupide chiwawa. Voilà, je crois que j’ai fait le tour de l’écosystème ;).

Donc, on me sert le petit dej’, on fait mon lit, on lave mon linge, on me conduit, on me ramène, on me prévoit ma vie… et tout ceci va gentiment me faire péter un cable malheureusement, car on t’informes jamais vraiment, tu ne peux pas vraiment choisir ce que tu manges, et évidemment pas ce que tu fais, déjà plusieurs fois, la dame du linge rentre dans ma chambre pendant que je dors, donc tu te réveilles et y’a quelqu’un qui est là à se balader à côté de toi. L’autre nuit j’ai rêver que quelqu’un était venu prendre mon couvre-lit, et bin en fait ce n’était pas un rêve, maintenant j’ai plus de couvre-lit. Et puis j’aime pas les haricots rouges et y’en a tout le temps !

C’est pourquoi, j’ai été avec Rita Elena (une Licenciada de l’université qui est pour le moment la personne la proche de devenir une amie), visiter des chambres, et je vais normalement déménager ce week-end dans une « casa de huéspedes », bien jolie dans le centre de Mazate, je vais donc abandonner le luxe d’avoir deux cuisinière et une dame qui lave le linge, mais je vais pouvoir manger ce que je veux et être un peu autonome. Youhou !

Mais ce qui reste triste c’est que tout le monde à peur de tout, tout le temps, alors ils restent chez eux, enfermés, ou vont d’en d’autres zones sécurisées, comme par exemple les grands centres commerciaux et les « parques de diversiones ». Toutes les chaînes de magasins et de fast-food on quand même réussi un sacré tour de force : avoir sous la main, quasi en captivité, la frange de la population du Guatemala qui dispose des moyens d’acheter toutes ces pizza et hamburger, et tout ça, au nom de la sécurité et de la modernité (parce que les fast-food c’est modernes). Je dois admettre que ça me rend triste… car finalement, les gens se retrouvent dans cette situation, parce qu’apparemment, au moins, dans ces endroits, ils peuvent laisser leur enfants courir dans souci, et loi de l’« encerramiento de las casas » (l’enfermement des maisons).

Je vous embrasse.

lundi 27 juillet 2015

Bienvenidos al país de la primavera eterna



Bonjour à tous :)

Je suis bien contente de vous écrire un peu mes aventures, enfin pour le moment il s’agit surtout d’anecdotes, certaines me font sourire, d’autres me font sauter au plafond…

Donc je suis arrivée à Guate (= Guatemala Ciudad, la capitale) lundi soir, un gentils chauffeur de l’hôtel est venu me chercher et m’a ramené dans un joli hôtel où une jolie chambre m’attendait : parfait. Au réveil, j’ai eu droit à un bon petit dej’ dans le joli patio du joli hôtel : parfait. J’ai regardé par la fenêtre et pour vous poser un peu le contexte, toutes les maisons sont de petites forteresses : entourées de murs et de hautes portes cadenassées et des fois les murs sont encore surplombés de barbelés. Et ce, même si les maisons de ce quartiers sont en fait partie d’une « colonia » c’est-à-dire un quartier entouré de murs et de barbelés avec une porte gardée par des sécuritas (ai-je besoin de préciser qu’ils sont armés ?).

En attendant de me rendre à Mazate (= Mazatenango, toutes les villes ont des noms tellement longs qu’elles ont toutes des surnoms…), je me suis aventurée seule, oui, oui, toute seule dans Guate pour aller chercher de l’argent, et……. il ne m’est rien arrivé de mal J. Oui, je sais je ne devrais pas plaisanter sur la sécurité. En marchant le long de la route qui longe l’aéroport, j’ai pu voir plein de familles, les femmes et les filles vêtues de l’habit traditionnel (c-à-d une longe jupe tissée et une blouse brodée) regarder passionnés les avions décoller et atterrir. Et puis je suis arrivée au marché artisanal, qui était très calme, où j’ai jeté un coup d’œil à tous les trucs que je vais bientôt avoir envie d’acheter, retiré de l’argent (ici, on paie en « quetzal », le joli oiseau vert), et je suis rentrée sans encombre, croisant, des hôtesses de l’air en talon aiguille, des petite dame en habit traditionnel qui cuisine au bord des routes, un cul-de-jatte sur un skate et plein de gens normaux qui par exemple faisaient leur jogging.

En début d’après-m’, j’ai pris un taxi avec toutes mes affaires pour Mazate. Un chauffeur à nouveau très sympa, qui m’a expliqué plein de trucs. Il m’a commenté les candidats pour les élections de septembre, et il faut admettre que le choix n’est pas incroyable : il les a tous qualifié de « locos del poder » à part Zury, la candidate pour laquelle il va voter, elle est jolie et « elle apporte un peu de sensualité aux élections » [no comment], elle est néanmoins la fille de Efraín Ríos Montt, le type qui en ce moment est pousuivi par la justice pour rien de moins que « génocide », donc tout l’argent de cette femme est hyper clean, cela va sans dire ! Y’a une autre candidate : Sandra, elle, elle a divorcé de son mari (le président précédent) afin de pouvoir se présenter elle. Un autre, Baldizón, débourse des fortunes pour déplacer ses partisans et faire des « bloqueos » sur les routes, dès que la justice ou la CICIG (Commision Internationale contre l’Impunité au Guatemala) essaie de regarder d’un peu trop près ses finances. Bref, la corruption règne, et ce malgré le démantèlement de certains réseau (la Línea, par exemple). On a aussi traversé des plantations immenses de canne à sucre, d’ananas et d’hule, l’arbre à caoutchouc, le tout à grande vitesse en dépassant de manière un peu osée dirons-nous…

Donc je suis arrivée à Mazate, une petite vile tropicale, je me suis installée dans l’hôtel que j’avais réservé et il ne me restait plus qu’à suer toute l’eau de mon corps dans la chaleur étouffante et surtout humide qui apparemment va m’accompagner pour tout mon séjours : ô joie.

Le lendemain j’ai enfin eu des nouvelles des gens qui sont censé m’attendre ici, et donc je rencontre Alba Ruth Maldonado « la doctora », qui est la directrice du CUNSUROC (Centro Universitario del Sur Occidente) chez qui je vais loger, et Rita Elena, une Licenciada (c’est-à-dire quelqu’un qui a un Bachelor, et qui est prof à l’uni, en effet, dès qu’on a un Bachelor, on peut donner des cours ici…). Rita Elena m’emmène chez la doctora, où je commence par squatter la chambre de la fille aînée (ce que je trouve étrange vu qu’elle y vit, et que ça mère lui a annoncé par téléphone genre à 11h que j’allais lui prendre sa chambre jusqu’en décembre… herm. A mon arrivée, on me fait bien comprendre que je dois en gros aller nulle part seule, jamais ! Ca va quand même être compliquer de dépendre des gens et leur demander tout le temps de me transporter par tout pendant 6 mois !!  Mais, apparemment vu la situation, dès qu’il fait nuit, les gens se ramènent les uns chez les autres pour plus de sécurité, ce qui est très sympa. Mais après discussion avec Rita Elena, si tu te balades sans valeur visible et de jour, ça va, surtout qu’on n’est pas à la capitale… On m’informe aussi de la situation politique à l’intérieur de l’uni, qui semble à peu près aussi bordélique qu’au niveau du pays...bref.

Au cours de l’après-m’, c’est devenu franchement drôle : accompagnée de Rita Elena et du coordinateur des Master, on est allés dans tous les bureaux, oui tous, déranger tous les collaborateurs de l’uni pour me présenter. A cette occasion, l a dit à tout le monde que j’allais intégrer à plein temps (soit 6h par jour) la filière de Ingeniera de Alimentos, celle que suit la fille de la doctora (comme c’est pratique pour m’avoir à l’œil). Bref, j’allais passer beaucoup d’heures le lendemain à rectifier ceci : en fait ils m’ont plus ou moins confondu avec un étudiant espagnol qui aurait dû venir y’a une année suivre tous les cours… Je vais donc me retrouver dans un cours de Master en Ressources humaines, le titre c’est Cultura Organizacional, je ris déjà à découvrir les méthodes enseignées en Amérique latine sur le concept d’organisation… (je suis mauvaise, là, pardon).

Heureusement, après toutes ces visites, Rita Elena m’a emmené faire un tour en ville et il y a des endroits sympas, une jolie église et on a été manger un truc dans un joli café (qui n’est ne fait PAS partie d’une chaîne américaine) et qui a un bon service et un cadre sympa et pas de regaeton à fond. Elle m’a aussi montré les deux immenses centres commerciaux qui bordent la ville : McDo, Pizza Hut et tout plein d’autre chaînes de mal bouffe américaine qui doivent certainement être responsables de l’embonpoint de la grande majorité de la population, à moins que ce ne soit l’usage excessif de l’huile de palme qui est produit intensivement dans la région ?

Donc voilà pour mon arrivée au pays du printemps éternel qui pour moi devrait plutôt s’appeler el pays de la chaleur éternelle ;)

Un beso 

Juste une petite photo de ce que je vois par la fenêtre à 5h du matin :) oui le pays est plein de volcans, du coup on sent des secousses à tout bout de champ!