mardi 12 janvier 2016

Jour de marché à Chichi


Les jeudis et les dimanches locaux et touristes affluent vers Chichicastenango – Chichi pour les intimes – et pour cause, c’est jour de marché et il s’agit d’un grand marché ! Mais il faut d’abord y arriver… donc cela implique évidemment un long voyage en chicken bus, que tu vois se remplir drastiquement plus tu approches de la ville. 

Les rues sont larges comme partout au Guate...
 (vous noterez le noeud de Noël que le bus arbore fièrement)

Le marché de Chichi est connu pour ses textiles, et c’est pour ça qu’on y va ! Les huipiles des femmes sont parmi mes favoris… Un des éléments qui selon moi, fait la beauté de ces tissages – en plus de la qualité du tissage et des magnifiques couleurs – c’est le fait que si les motifs sont symétriques et réguliers, les couleurs, elles, ne le sont pas forcément, introduisant un peu de chaos.

Dans le marché les stands de textiles (huipiles, gilet, peluches, sacs, pochettes, hammacs,…) se succèdent, mais s’intercallent des stands de poissons, de légumes, de poulet frit, un mélange d’odeurs entêtant, même si souvent, l’odeur des papas fritas dominent… 

Ahhhh oui, il y a toujours une quantité halucinante de marchandise...




des textiles traditionnels, mais également de très actuel crocs en plastique

ça en fait presque mal aux yeux toutes ces couleurs ^^
des crèches bien chrétienne.... mais devant trône Maximón!


le plastique est roi!


au milieu des fils et des masques, un stand de poissons!!

des centaines de versions mignatures des chicken bus,
vous vous en douterez, j'en ai acheter un ;)
de quoi peupler l'arche de Noé

et des légumes entre les tissages
Cette photo est très représentative de la situation dans laquelle les gens
vendent sur les marchés : cette dame est coincée entre deux stands,
et sur la droite vous pouvez voir mon pied et celui de ma coloc devant,
je suis littéralement au-dessus d'elle et de ses tamales...
Encadrant la place du marché, deux églises, une dont le parvis est calme, l’autre où l’activité y est frénétique : on peut assister à un parfait mélange entre christianisme et traditions mayas. En effet, si il s’agit en effet d’une église catholique, les gens effectuent les cérémonies mayas sur le dit parvis à grand renfort de fleurs, d’encens, de feu, de prières,… Joyeux chaos coloré et enfumé.

décoration de Noël - oui cet article a un peu de retard...



Après avoir dépensé plein d’argent et bu une bière sur un balcon surplombant le marché – d’où on a particulièrement bien senti une sacrée secousse sismique d’ailleurs – on a repris le chemin de Xela… en même temps que tout le monde ! Il a donc fallu se battre âprement pour entrer dans un minibus, et quand je dis âprement, c’est qu’une seconde d’hésitation à la vue d’une petite fille coincée dans la foule te coûte ta place. Après avoir loupé 2 bus, on s’est mis en mode « sans pitié ni pour les enfants ni pour les personnes âgées » et on s’est rués dans le bus… 


C'est certainement les dernières photos colorées que je vous envoie depuis le Guatemala. Enjoy, et à bientôt du coup!

samedi 19 décembre 2015

Hommage aux "chicken bus"


Terminal d'Antigua

Au nom des heures que j’ai passé dans des chicken bus, et au nom ce cette love-hate relationship que j’ai développé avec eux, je crois que je leur doit de leur consacrer un post en entier, finalement, c’est quand même eux qui m’ont emmené aux quatre coins du pays :).

Terminal d'Antigua
Déjà, il faut noter le soin avec lequel les bus sont traités. Peints avec soin, chaque détail compte, des autocollants, le nom de la compagnie calligraphié, le tout sous la bénédiction de Dieu qui veille sur la sécurité du véhicule… Ils brillent, ils pétaradent, klaxonnent,… et pour Noël, leurs capots d’ornent de gros nœuds en ruban. Le bruit de la boîte à vitesse fait souvent peur, tout comme les mugissements du moteur. Dans la catégorie mécanique, je vous déconseille de monter dans un bus dont le chauffeur a les mains pleines de camboui, ça veut dire que le bus a récemment été réparé, ou plutôt rafistolé et c’est pas du tout une assurance de la bonne marche du véhicule. Certains anticipent et prennent les réservoirs d’eau pour refroidir le moteur pendant la descente ! Des fois, néanmoins on crève et il faut changer la roue, des fois le bus s’arrête sur le bas côté et tu dois finir le trajet entassé dans le bus suivant. Des fois tu es témoin des accidents des autres, comme c’est le cas lorsque juste devant nous deux voitures se sont percuté frontalement…

Terminal d'Antigua
Les chicken bus c’est le transport des plus pauvres, les gens de classes économique plus élevées font absolument tout pour éviter de monter dans l’un d’eux. Pour ma part, quand je rentre dans un chicken bus j’ai l’impression de me retrouver dans le « vrai » Guatemala… Je me sens plus proche de l’humanité en générale et pas seulement être dans la – très agréable – bulle de Xela. Mais en même temps, contrairement à toutes les autres personnes entassées dans le bus, cela n’est pas ma réalité, moi je peux la quitter quand je veux, eux non, alors en même temps je me sens tellement loin de ces gens autour de moi, ces femmes de 17-18 ans qui montent avec un enfant accroché dans le dos, un par la main et dont le gros ventre annonce l’arrivée d’un 3e, ces vieux couples ridés habillés à la traditionnelle, les femmes qui se coiffent en route, je crois que c’est dans les bus que j’ai compris les techniques de coiffure traditionnelles, ces jeunes couples amoureux, avec leur premier rejeton sur les genoux,…

Terminal d'Antigua
D’ailleurs, ces gens, ils me racontent souvent des histoires, malheureusement c’est jamais des histoires drôles, c’est même souvent plutôt tragique. Cette femme qui m’a expliqué, très fière avoir négocié deux gerbes de fleurs pour 8 quetzales, après deux ans elle a décidé de faire le voyage jusque sur la tombe de son fils, fils tué à la machette alors qu’il allait se baigner dans une rivière. Ce jeune type qui lâchait un cri étouffé à chaque rebond un peu brusque du véhicule, il me raconte qu’il est tombé d’un arbre et s’est fissuré une ou deux vertèbres, il aurait dû être opéré, mais pas d’argent, mais hôpitaux surchargés, alors bon, il continue à bosser le dos littéralement cassé en deux… J’ai aussi rencontré cette femme d’une quarantaine d’années avec sa fille de 10 ans. Son mari est parti travailler aux États-Unis il y a 9 ans, et y est encore, il envoi de l’argent et de temps en temps ils se parlent au téléphone, la gamine par contre n’a vu son père qu’à travers le profil Facebook de ce dernier. D’ailleurs toute cette technologie, m’explique-t-elle a beaucoup compliqué les relations longues distances, en effet, sa cousine vient de se suicider car elle a appris par Facebook que son mari fréquentait une autre femme aux States… Ma voisine de siège, elle est contente car au moins son mari ne met rien sur Facebook, elle trouve que c’est mieux de ne pas savoir.

Terminal d'Antigua
Et puis il y a ces femmes qui, épuisées s’endorment à moitié sur mon épaule. Beaucoup de gens arrivent, malgré l’inconfort certain, à s’endormir, témoignant de leur état de fatigue profond. J’ai bien réussi à somnoler un peu, mais ma nuque l’a regretté quasi instantanément. C’est vrai vu que je suis bien trop grande pour ce pays, mes genoux raclent devant et il m’est donc impossible de me « vautrer » assez pour pouvoir appuyer ma tête contre le dossier.

Terminal d'Antigua
Souvent, la promiscuité est très élevée dans un chicken bus, je me suis souvent dit que les corps humains étaient quand même vachement pratiques pour jouer à Tectrice ! Car oui, il n’y a pas de nombre maximum de passager, on est facilement 3 personnes sur un banc pour 2. D’ailleurs, à force j’ai développé quelques stratégies intéressantes : premièrement, s’il faut une 3e personne sur ton banc essaie que ça soit une jeunes femme, ou une petite vieille dame plutôt qu’un monsieur grassouillet qui n’aura aucun scrupule à s’assoir les jambes bien écartées histoire de bien t’écraser… deuxièmement, il es bon de préférer une place de « 3e » à l’avant du bus qu’une place de « 2e » à l’arrière du bus, où il y a généralement une majorité d’hommes. Rappel : ce pays est extrêmement macho…

vous noterez le nœud de Noël ! (Chichicastenango)
Un bus est un petit univers à lui tout seul, les gens montent, descendent, avec leur cargaison aussi diverse que variée. Les vendeurs ambulants se succèdent pour vendre fruits, tortillas, bonbons, pommades magique et gouttes pour les yeux naturelles, certains font des prêches et bénissent les gens, d’autres vendent des Bibles évangélistes et ont un succès effarant. Il faut dire que certains sont extrêmement bons !! L’autres distraction dans un bus, c’est la musique : des fois c’est rétrospective de Enrique Iglesias, des fois la sono est tellement mauvais qu’on entend que les basses qui font vibrer les fenêtres, de trop rares fois il y a du silence, et des fois, il y a une télé, là c’est le jack pot : des clip kitch, nias et macho se succèdent, les contrastent sont saisissant entre la réalité des clips et la réalité du bus. L’autre jour d’ailleurs on a eu droit à « Maman, j’ai raté l’avion », mythique, tout le bus suivait avec attention et riait sous cape à chaque déboire des « méchants. ».

Terminal d'Antigua
Et finalement quand tu arrives au terminal de bus, c’est un autre spectacle qui commence : celui des assistants conducteurs rameutant des passagers, chargeant les denrées des gens sur le toit, ils n’ont d’ailleurs par leur pareil pour grimper sur le toit à l’avant, redescendre vers l’arrière et que le bus soit en marche ou non, bien sûre ! Ca n’a pas l’air comme ça, mais les chicken sont d’une assez grande efficience !! Ils vont vite et vont partout !

Terminal d'Antigua

Oui, les chicken bus ne sont pas un des symboles du Guatemala pour rien. Respect.

Santiaguito, the thoughest hike ever.



(si tous les autres posts ont été chronologique, cette aventure-là s’est déroulée fin novembre, donc avant l’Acatenango)

Alors voilà, mon amoureux venait de renter donc quoi de mieux que de se lancer dans une randonnée difficile avec une quinzaine d’amis pour se changer les idées ? La destination : le Santiaguito, le volcan le plus actif d’Amérique Centrale, paraît-il. L’idée ce n’est pas de « seulement » aller sur le Santa María – volcan voisin – pour voir le Santiaguito, mais de monter sur le Santiaguito mais pas tout à fait jusqu’au cratère étant donné que le volcan est encore actif, et bien actif…

On a donc été jusqu’au village de Llano del Pinal – qui pour la petite histoire a été le camp de base des Espagnols pour conquérir Xela, entreprise qui a quand même pris quelques années – là, on a retrouvé notre guide Gerónimo et sa chienne et on s’est mis en route. On est une équipe assez intéressante niveau nationalités : 4 Guatémaltèques, 2 Français, 2 Belges (mais une francophone et une flamande), 4 Étasuniens, 1 Mexicain, et 1 Suisse, jolie brochette ! Anecdote atypique : le Mexicain avait appris le français à Fribourg… !

La première partie est assez facile, ça monte jusqu’au mirador sur les flancs du Santa María, c’est de là que la plupart des touristes admirent les éruptions du Santiaguito. Joli point de vue, mais c’était de loin pas notre destination…

tout à gauche : le cratète du Santiaguito, notre campement
est à peu près au milieu de la photo
Première éruption !!
On commence une immense descente hyper, mais hyper raide dans un sentier très, mais très étroit dans une végétation dense, mais très dense (genre herbes qui te coupent les bras et petits arbres aux branches fourchues, le tout recouvert de cendre du volcan dont on est rapidement tous recouvert). Mon sac étant lourd, genre vraiment lourd, c’est dur, genre très dure. Heureusement, de temps en temps on peut voir un peu plus loin que le bout de notre nez, voir même une jolie éruption !!

Une seconde partie de descente est constituée d’une rivière de lave solidifiée, si le chemin est plus dégagé, la raideur rend la lave solidifiée extrêmement glissante, pas facile… On fait beaucoup de « cul-cul glisse » pour reprendre une expression familiale... !

On est donc en effet descendu jusque tout là-bas en bas et
remonté de l'autre côté... (la photo est prise à un tiers de la descente!!!)
Encore un style de végétation différent
En route mauvaise troupe
Descente dans la rivière de lave
Une fois arrivés en bas, on traverse une plaine bien caillouteuse, de petits arbustes s’efforcent de pousser dans cet environnement hostile, la mousse reprend aussi ses droits ce qui rend le terrain glissant. 

4e phase : la remontée ! C’est raide, mais raide, et j’ai faim… Mais au bout de 2h de montée on arrive sur un replat de sable, le tout baigné dans la brume et au milieu d’une végétation assez atypique d’où sortent des fumeroles de vapeur, ça c’est pour nous rappeler qu’on est sur un volcan…


et on remonte....!
poussière de cendre, brouillard et fumeroles de vapeur
Après le pique-nique, il nous reste une dernière petite étape jusqu’à la « plage » sur laquelle on va dormir. On arrive et en quelques seconde la brume s’ouvre, et le soleil envahis notre « plage », en deux temps, trois mouvements, on avait posé les sacs, mis de la musique, quelqu’un avait sorti un freezbe, on était tous pieds nus dans le sables et les plus vaillants c’était monté des bières. La playa quoi ! La playa, certes mais pas très loin du cratère du Santiaguito comme nous le rappelle une soudaine éruption qu’on voit surgir de derrière la montagne, et comme nous le rappelle aussi l’impressionnant cratère formé ya pas longtemps du tout pas la chute d’une pierre d’une taille certaine à 50m du campement…

Playa atmosphère :D
jouer au freezbee dans la brume!
Même pas peur !! (Alexia & moi)
Sinon avec 3 motivés on a encore grimpé un peu pour voir une vue magnifique sur le côté « ouvert » ou « explosé » du Santa María, impressionnant !! 

La face "explosée" du Sant María

Les nuages dansent au-dessus des montagnes environnantes
la "plage" et notre campement
L’après-midi a passé, on a progressivement remis nos pull, nos chaussette, et empilé petit à petit les couches… Il fait super froid et je suis un peu short niveau bouffe. On fredonne des chansons de country et bam, nous voilà nostalgique du Mid West alors qu’on est sur un volcan au Guate, cherchez l’erreur. Dans la même veine, on fait un petit tour de remerciements pour Thanksgiving qui avait eu lieu la semaine passée.

éruption de fin de journée
et coucher de soleil
La nuit a été courte froide et inconfortable, je partage la tente avec deux mecs vraiment grands alors autant vous dire que j’avais moins d’un tiers de la place… Je me réveille avec un mauvais mal de gorge (j’allais être malade toute la semaine suivante…). Heureusement, les nuits sont courtes quand on se lève à 4h pour aller voir le lever du soleil !

Donc on grimpe à la lampe de poche jusqu’au dernier plateau avant le cratère et là on attend le lever du soleil et les premières éruptions ! De nuit, on voit la lave rougeoyer Et finalement les deux se sont combinés !! Des tumultes de fumée et de cendre et les premiers rayons du soleil ! Magnifique et tellement impressionnant !! 



éruption en arrivage !!!
et c'est PARTIIIIII !!





La fine équipe (-2) : We made it !!!
On est redescendu à notre « plage » pour déjeuner et se réveiller au soleil avant de replier le campement et affronter le chemin du retour : la descente était moins pénible avec les sacs un peu allégés, la montée sur la rivière de lave raide mais presque agréable surtout en comparaison avec la montée dans les herbes coupante et les buissons crochus, un calvaire. Je me sentais autant griffée que Blanche Neige quand elle se perd dans la forêt, et comme Hercule devant ses tâches insurmontable. Tellement insurmontable que j’ai renoncé à prendre des photos pour vous prouver la raideur de ce sentier et son étroitesse ;)

Finalement, on s’est retrouvé au mirador du départ, et on eu le temps de pique-niquer et de faire la sieste avant de descendre jusqu’au village où on a tous bu une bière sacrément méritée ! Mais on ne m’y reprendra plus à me lancer dans une rando aussi dure… D’ailleurs l’Acatenango, c’était une plaisanterie après !!

Abrazos !!!